La France passe le cap des 10.000 robots agricoles en service

La robotique coche à peu près toutes les cases de la durabilité. Les verrous réglementaires, et dans une moindre mesure économiques, freinent cependant l’ardeur des acteurs. Lesquels en débattront, entre autres sujets, lors du Forum international de la robotique agricole (Fira) en décembre prochain.

8.000 robots de traite, 2.000 robots dédiés à la gestion de l’alimentation et des effluents d’élevage, 100 robots maraichers, essentiellement affectés au désherbage, et une dizaine de spécimens évoluant dans le vignoble : tel est le panorama de la robotique agricole, en France, à l’aube des années 2020.

Pour la seule année 2019, les ventes de robots de traite se sont envolées de 50%, comparativement à 2018. « L’agriculture est confrontée à plusieurs défis, parfois contradictoires consistant à nourrir toujours plus d’individus tout en réduisant son empreinte environnementale, explique Roland Lenain, directeur de recherche à l’Inrae. Elle doit aussi réduire sa propre exposition aux risques, l’agriculture étant un des secteurs parmi les plus accidentogènes. Pour relever ces défis, elle peut emprunter plusieurs procédés que sont l’agriculture de précision, l’agroécologie ou encore l’agriculture biologique, autant de principes qui conduisent à mobiliser toujours plus de main d’œuvre dans un secteur en butte à des problèmes d’attractivité. La robotique apparaît ainsi comme un levier de la transition agroécologique ».

Des verrous technologiques et réglementaires, plus que financiers

Force est de constater que les robots sont cependant plus nombreux dans les espaces clos ou semi-clos que sont les cours et bâtiments de ferme que dans les champs. « Il reste un certain nombre de verrous scientifiques et technologiques, poursuit Roland Lenain. Pas de mur, pas de signalisation, pas de marquage au sol, des interactions variables avec le sol et les plantes : les robots doivent appréhender cette variabilité. Il y a encore un gros verrou au niveau de l’intégrité et de la sécurité ».

"Le frein réglementaire retarde l’industrialisation, qui aurait pour effet de faire baisser les prix"

« La réglementation est un autre frein au développement du marché des robots, indique Alain Savary, directeur général d’Axema, l’Union des industriels de l’agroéquipement. Le frein réglementaire retarde l’industrialisation, qui aurait pour effet de faire baisser les prix, même si les aspects économiques ne priment pas dans les freins au développement ». S’agissant des robots des champs, après la mise au point de robots mono-tâche, la tendance est à la modularité et à la polyvalence, selon Roland Lenain.

Plan de relance

Par la mobilisation des acteurs publics et privés, la France a pris le robot en marche il y a quelques années, à l’initiative notamment de l’association RobAgri, forte aujourd’hui de 70 membres (fabricants et équipementiers, laboratoires de recherche en robotique, instituts techniques agricoles, pôles, clusters…). Elle escompte faire de la France un des leaders de la robotique agricole, de l’agriculture éco-efficiente et écoresponsable. L’association axe ses travaux sur la normalisation, la sécurité et les tests de performances des robots ainsi que sur leur adaptation aux besoins des agriculteurs.

Le Plan de relance, qui réserve 1,2 milliard d'euros à l’agriculture, devrait conforter la dynamique. « La robotique est concernée par trois des quatre axes du plan de relance que sont la transition agroécologique, la modernisation du parc d’agroéquipements et l’amélioration du bien-être animal, souligne Alain Savary. Nous ne connaissons pas encore les critères d’éligibilité mais le Plan devrait, en matière de robotique, soutenir à la fois la demande par le biais des aides directes aux agriculteurs, et l’offre, via des mesures de soutien à la filière ».``