La Planification écologique, c’est maintenant

[Edito] Le gouvernement s’apprête à dévoiler une série d’arbitrages aux effets potentiellement coercitifs, de nature à braquer une profession jusque-là plutôt choyée, impératif de souveraineté oblige. Reste le PLAO pour arrondir les angles.

La Planification écologique, un des marqueurs du second quinquennat d’Emmanuel Macron, va entrer dans sa phase opérationnelle, à travers toute une flopée de politiques publiques (non exhaustives) : Loi de programmation quinquennale sur l'énergie et le climat (LPEC), Stratégie nationale bas carbone (SNBC 3), Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), Stratégie nationale de la biodiversité, Plan Ecophyto 2030, Stratégie nationale de l’alimentation, de la nutrition et du climat (SNANC). Avec un dénominateur commun : « moins ». Moins de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, moins d’ammoniac et de protoxyde d’azote dans l’air, moins de phytos et de nitrates dans le milieu (et dans l’eau du robinet), moins d’arrachage de haies, moins de viande dans nos assiettes etc. Ce n’est pas de la décroissance : c’est juste une question de vivabilité.

Vivabilité versus « supportabilité »

Après avoir tergiversé, pour ne pas dire procrastiné, le gouvernement est désormais au pied du mur. Il est rattrapé par ses promesses, sinon par ses engagements au niveau européen et formalisés dans le Green deal avec (non exhaustif) le paquet « Fit To 55 » sur les émissions de GES, la loi sur la restauration de la nature, la directive sur la santé des sols, le règlement SUR relatif à l’utilisation durable des pesticides.... Début juillet, à la veille d’un Conseil de la planification écologique, le Conseil de l’agriculture française (CAF) s’est dit prêt à embarquer l’ensemble des acteurs du monde agricole dans la Planification écologique, moyennant la « supportabilité » des efforts à consentir, autrement dit, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.

Attractivité versus radicalité

Sauf que le gouvernement est contraint comme jamais à réduire les déficits publics et l’endettement, sur fond de hausse des taux d’intérêt. La défiscalisation du GNR - 2 milliards d’euros par an - devrait en faire les frais. 2 milliards d’euros, c’est grosso modo le montant requis pour simplement réaliser les stress-tests climatiques et les diagnostics carbone de la Ferme France. C’est dire si le mur des transitions est raide et ce n’est évidemment pas le meilleur signal donné à des agriculteurs en attente de subsides. Le tout pourrait nourrir du ressentiment, voire de la radicalité. On n’oublie pas un autre sujet potentiel de crispation, le Plan loup, à la sortie elle aussi imminente. Le gouvernement a encore dans sa manche le Pacte et la loi d’orientation agricole (PLOA). Où il est notamment question d’attractivité, autre défi colossal. Et peu soluble dans la radicalité. A chacun sa ligne de crête.