La plateforme Adonis décrypte les IFT à l’échelle communale

Créée par Solagro, la carte interactive repose sur les enquêtes de pratiques culturales d’Agreste. Elle fournit plusieurs indicateurs dont l’IFT moyen, l’IFT herbicide ou encore l’IFT biocontrôle. La carte a vocation à accompagner les politiques publiques visant à réduire l’usage des pesticides.

Spécialisée dans l’accompagnement des transitions agricole et agroalimentaire, l’association Solagro vient de mettre en ligne une carte interactive permettant de visualiser l’indice de fréquence de traitement (IFT) à l’échelle de chaque commune métropolitaine. Les données croisent les enquêtes de pratiques culturales réalisées par le ministère de l’Agriculture et les données du Registre parcellaire graphique (RPG) de l’agriculture biologique. Elles sont représentatives de 30 cultures (14 espèces de grandes cultures, 9 légumes, 6 fruits et la vigne) et de 99% de la SAU, à l’exclusion de 10 espèces (artichaut, chicorée, endive, scarole, noix, millet, oignon, échalote, olive, sarrasin).

L’IFT moyen communal est calculé sur la base de références à l’échelle des anciennes régions administratives et des bassins viticoles. La valeur obtenue représente une estimation de l’IFT moyen communal. Si des pratiques à faible utilisation de produits phytosanitaires sont mises en œuvre sur une commune (hors labellisation AB), la valeur estimée par cette méthode peut être supérieure à la réalité, prévient l’association.

Les ambitions de la carte interactive

Baptisée du nom d’une plante messicole spécifique des céréales à paille (Adonis aestivalis, Adonis annua, Adonis flammea et Adonis micocarpa), et considérée comme un bio-indicateur de l’intensité des pratiques culturales, la carte interactive a vocation à porter à la connaissance de tous les données communales sur l'usage des pesticides. « Le manque de cartographie et d’analyse pour mesurer l’empreinte des pesticides demeure aujourd’hui patent, et les pouvoirs publics tardent à se saisir du sujet, explique Solagro dans un communiqué. Si le règlement européen de 2009 oblige les professionnels à tenir des registres de traitement très précis sur l'utilisation des produits phytosanitaires, ces derniers restent toujours inexploités à l’heure actuelle, au détriment à la fois des riverains, des consommateurs, mais aussi des agriculteurs et du gouvernement lui-même. Les données existent et il est nécessaire de les rendre aujourd’hui intelligibles pour le bien de tous ».

Selon Solagro, l’IFT territorial peut être utilisé comme une référence locale pour faire évoluer les exploitations agricoles vers une moindre utilisation des produits phytosanitaires. La carte peut faire aussi office de vigie à l’égard des politiques publiques nationale (Ecophyto, Plan ambition bio, Stratégie nationale biodiversité...) et européenne (Farm to fork, Stratégie biodiversité...).

Solagro cite par ailleurs le Plan national nutrition santé (PNNS 4) qui recommande de privilégier des aliments cultivés selon des modes de production diminuant l’exposition aux pesticides pour les fruits et légumes, les légumineuses, les produits céréaliers complets. Le PNNS a aussi fixé un objectif de 20% de produits végétaux bio pour 100% de la population d’ici à 2023.

Solagro rappelle au passage qu’un règlement européen concernant les statistiques sur les intrants et les produits agricoles (SAIO) entérine, pour les produits phytosanitaires, la collecte de données à partir de 2028 (après une période transitoire de trois ans) avant leur publication annuelle à partir de 2030.

Un indicateur de pression, ni de toxicité ni d’impact

Outre les mises à jour liées aux enquêtes de pratiques culturales, Solagro ne doute pas que la carte Adonis s’enrichira au fil du temps de données complémentaires, telle que la part d’IFT imputable aux CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) ou à l’opposé, les territoires classés en Haute valeur naturelle (HVN). Les départements et régions d’Outre-mer seront aussi intégrés.

L’intérêt de l’IFT est de permettre d’agréger des substances très différentes et ainsi de mesurer une pression pesticide globale. Il s'agit d'un indicateur de pression permettant de comparer des systèmes sur le plan de leur dépendance aux pesticides. En revanche, il ne prend pas en compte les caractères spécifiques des produits, notamment leur degré de toxicité ou leur persistance dans l’environnement, ni les caractéristiques du milieu. Ce n’est pas un indicateur d'évaluation des impacts sur l’environnement.

Pour établir sa carte interactive, Solagro a bénéficié du soutien du groupe agroalimentaire Ecotone (Alter Eco, Bjorg, Bonneterre, Clipper...). Ecotone en a tiré parti pour créer l’Indice des pesticides évités (IPE), un indicateur que l’entreprise souhaiterait voir essaimer dans l’industrie agroalimentaire.