La reterritorialisation de la production agricole passe aussi par les collectivités : réapprendre à travailler ensemble

L’agriculture, les collectivités locales et la société civile auront à s’unir et à s’impliquer dans des projets agricoles. Une nécessité pour remettre du lien et garder un territoire dynamique, estime le chercheur Xavier Guiomar, invité par la Chambre d’agriculture du Cher, le 16 octobre.

“Nous devons réapprendre à travailler ensemble entre la profession agricole, les collectivités locales et la société civile afin de préserver une production et une commercialisation de produits agricoles sur le territoire », a affirmé Xavier Guiomar, chercheur à Agro Paris Tech, lors de la soirée « collectivités locales du Cher » organisée par la Chambre d’agriculture. En effet, face à la mondialisation et à l’inflation de ces dernières mois liée aux événements internationaux, il apparait primordial d’ancrer de nouveau les productions localement.

SOLIDARITÉ À TROUVER

Filières longues ou courtes, les deux types de commercialisation doivent exister sur un même territoire. La solidarité territoriale entre les agriculteurs est à retrouver.

"L’agriculteur ne peut plus investir et agir seul et doit chercher à être moins vulnérable."

« L’esprit de groupe, la coopération, comme le faisait nos pères et nos grands-pères, sont à reprendre car ça participe à reterritorialiser nos productions agricoles », a souligné Xavier Guiomar. L’agriculture en Centre-Val de Loire, où le nombre d’exploitations diminuent au profit de leur grandeur, et les collectivités locales, ont à mener cette réflexion pour regagner cette solidarité au profit du consommateur local.  L’intervenant préfère parler de « reterritorialisation » au lieu de « relocalisation ». « La reterritorialisation consiste en une réappropriation d’un territoire par des habitants et à la sauvegarde d’un environnement, d’un paysage », a-t-il défini. Et pour cela, les collectivités locales peuvent aider au maintien d’une agriculture et d’une économie sur ses territoires. « Les agriculteurs et les élus doivent se concerter de façon permanente et se saisir d’une opportunité, en période de crise, pour mettre en place des actions résilientes », a-t-il préconisé.

INVESTISSEMENTS DES COLLECTIVITÉS

A la manœuvre, on trouve des collectivités locales, souvent à l’échelle d’une intercommunalité, qui investissent dans des terres et/ou dans des outils de transformation ou de commercialisation, afin de faciliter l’écoulement de la production sur place ou sur un territoire donné. Au titre des réalisations effectives, on trouve la communauté de communes de Creuse Grand Sud, par exemple, qui a investi dans une exploitation agricole de 180 ha en ovins pour installer un jeune couple. De même, une communauté d’agglomération d’Ile de France qui a construit un hangar de 850 000 euros pour un maraîcher ou encore la communauté d’agglomération du Pays d’Aix qui a ouvert une halle commerciale de 120 K€ pour que les producteurs locaux puissent vendre en un même lieu.

Xavier Guiomar a reconnu qu’il était plus facile d’appréhender ces schémas avec la production maraichère qu’en grandes cultures. Mais ce n’est pas impossible : « pourquoi ne pas imaginer qu’un céréalier travaille directement avec un meunier, puis un boulanger », a -t-il avancé. Oui pourquoi pas, il y a des exemples de ce type dans le Cher. Oui la co-construction existe Pour revenir à une valeur ajoutée sur le territoire, compte tenu de la difficulté d’accès au foncier, du coût élevé des investissements dans des outils de transformation et des modes de commercialisation qui sont en constante évolution.