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Lundi 01/12/2025

Le lait sur un petit nuage

« L’Avent des avancées en agriculture » (1/25). Le prix du lait devrait terminer à des niveaux historiquement hauts, porté par la demande intérieure et internationale. Même le lait bio remonte la pente. Mais gare à la décapitalisation rampante, qui participe à la raréfaction de l’offre, non sans risquer de fragiliser les outils de transformation, lait et viande confondus.

Les prix du lait de vache continuent d’augmenter sur un an. À 507,30 € pour 1 000 litres en septembre 2025, le prix du lait de vache conventionnel à teneurs réelles poursuit sa hausse, +6,2% soit +29,8 €/1 000 litres par rapport à septembre 2024. En moyenne depuis le début de l’année, le prix du lait de vache progresse de 7%. Tel est le constat dressé par Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture à fin septembre, derniers chiffres en date.

Même le lait bio, malmené depuis plusieurs années comme l’ensemble du secteur AB, semble remonter la pente. Selon Agreste, son prix s’établit à 571€ pour 1 000 litres, atteignant son plus haut niveau depuis le début de l’année. Il dépasse ainsi désormais le lait conventionnel de 63,7€ les 1 000 litres et progresse de 4% sur un an.

Evolution du prix du lait de vache standard à38 g/l de TB et 32 g/l de TP (Institut de l’élevage)
Evolution du prix du lait de vache standard à38 g/l de TB et 32 g/l de TP (Institut de l’élevage)

Avant 2026, ce qui est « prix » est pris

Toutefois, l’année 2025 pourrait marquer un point d’inflexion selon l’Institut de l’élevage, qui anticipe une baisse « sensible » des prix du lait en 2026, comme le laisse présager l’effondrement des cours du beurre et dans une moindre mesure des poudres, après les records enregistrés au premier semestre. En cause : le rebond de la collecte sous l’effet de l'atterrissage (saisonnier ?) des problèmes sanitaires (FCO, MHE et DNC), la stabilité de la consommation des ménages français et le repli de des exportations. En cumul de janvier à septembre 2025, le débouché export des produits laitiers a diminué en équivalent lait de 7,2% par rapport à 2024 selon l'Institut de l'élevage.

L’alerte du CGAAER

Au-delà des fluctuations conjoncturelles, induites par les aléas climatiques, sanitaires et géopolitiques, la baisse structurelle du cheptel laitier est autrement plus inquiétante à moyen terme. Dans un rapport publié en novembre et consacré à la baisse du cheptel bovin laitier et à ses incidences sur les outils économiques aval des filières lait et viande, le Conseil général de l’agriculture de l’alimentation et des espaces ruraux (CGAAER) relève que « certaines laiteries sont passées d’une situation de gestion des excédents à une relative pénurie » et qu’elles ont recentré leurs activités sur quelques produits et sites industriels. Quant aux outils d’abattage, en dépit des fermetures d’établissements, la surcapacité menace. Et de recommander de « structurer une réflexion approfondie et commune aux deux interprofessions [lait et viande] sur l’avenir de l’élevage laitier qui tienne compte de l’ensemble des débouchés et des acteurs économiques ».

Le rapport recommande aussi de porter une attention particulière, dans le cadre de la Pac post-2027, au maintien des aides pour les exploitations de bovins laitiers afin de consolider les revenus des éleveurs, en particulier dans les zones de montagne et de polyculture élevage, en vue notamment de pallier le déficit d’attractivité, lequel s’explique par « le niveau de rémunération, modeste par rapport au temps travaillé et au capital investi, aux astreintes spécifiques à cet élevage et à l’image du métier dans la société ».

En attendant, la vache de réforme ne s’est jamais aussi bien portée. Et ça, c’est une autre bonne nouvelle de l’année. A suivre.

Retrouvez chaque jour, du 1er au 25 décembre, notre sélection des nouvelles réjouissantes de l’année 2025.

Sous la forme d’un calendrier de l’avent, Pleinchamp vous propose une sélection d’initiatives enviables, de portraits inspirants, d’avancées concrètes et de lueurs d’espoirs pour le monde agricole.

Preuve que même si de nombreux combats restent à mener, certaines nouvelles vont dans le bon sens : celui d’un monde plus durable, plus juste, plus rémunérateur pour les agricultrices et les agriculteurs.