- Accueil
- Le marché des petits fruits rouges en plein boom
Le marché des petits fruits rouges en plein boom
[Edito] Dans le monde entier, les consommateurs semblent en proie à une véritable frénésie de framboises et de myrtilles. Avec des taux de croissance rarement observés dans le secteur des fruits, des parts de marché sont à prendre. La France aimerait elle aussi prendre le train en marche.
Une saveur sucrée et acidulée qui régale les papilles, un format facile à déguster, des qualités nutritionnelles grâce à leur richesse en anthocyanes : avec leurs atouts, les petits fruits rouges connaissent depuis plusieurs années une croissance mondiale spectaculaire, très atypique dans le secteur des fruits. C’est particulièrement le cas pour les framboises et les myrtilles : en dix ans, les importations de ces deux baies ont quintuplé en Union européenne, alors que celles des fraises ont augmenté de seulement 6%.
La production française fait face à une forte concurrence internationale, avec des arrivages à contre-saison en provenance du Chili et du Pérou, deux pays qui se sont spécialisés dans l’exportation de myrtilles. Le Maroc a également pris le virage des petits fruits rouges, qui se retrouvent sur nos étals entre janvier et avril. Malgré la contrainte hydrique qui pèse sur les productions marocaines, la culture de la myrtille et de la framboise attire aujourd’hui de nombreux investisseurs étrangers. Au niveau européen, les gros producteurs sont l’Espagne et le Portugal au Sud, tandis qu’à l’Est, la Pologne et la Serbie exportent sous forme de surgelés.
La France est bien en peine pour répondre à la demande intérieure. Les surfaces françaises, bien qu’en croissance, sont loin d’évoluer aussi vite que le marché. En effet, si pour la fraise le taux d’auto-approvisionnement s’établit à 50%, la production nationale ne couvre que 17% de la consommation en myrtilles et 15% en framboises.
Un fort besoin de main d'œuvre
Pour les producteurs français, l’opportunité de diversification qu’offre ce marché en croissance est réelle. Mais les freins le sont tout autant. Celui de la main d’œuvre, déjà, qui peut représenter 50 à 75% des coûts de production pour les framboises et les myrtilles. Sachant qu’il faut déjà réussir à trouver des salariés ! Le manque de références techniques est également un frein au développement de ces vergers. Rappelons que ces petits fruits sont, comme la cerise, concernés par les attaques de Drosophila suzukii, avec les difficultés de lutte que l’on connaît. La structuration des filières, enfin : les filières françaises se présentent comme fragmentées, contrairement à leurs homologues espagnoles ou marocaines qui bénéficient d'une plus grande intégration et concentration.
Plusieurs initiatives visent depuis quelques années à lever ces freins, afin de permettre à la production française de répondre à la forte demande des consommateurs. En 2023, les producteurs de fraises et de framboises se sont rapprochés dans la même association d’organisation de producteurs, afin de faire évoluer le marché de la framboise dans le sillon de celui de la fraise.
Cette année, dans l’Aisne, un « Campus Fruits Rouges », lieu d’expérimentation pour les fraises, framboises et myrtilles, a été inauguré au mois de mai. A Bordeaux, en octobre, aura lieu la première édition du salon professionnel international des fruits rouges, couplé au salon international de l’asperge, les deux produits ayant des points communs en matière de fournisseurs et de mise en marché.
Le défi est de taille, mais les signaux sont au vert pour le marché des petits fruits. Pour la filière française, pas question de rester au feu rouge.