Le Parlement européen se prononce pour le déclassement du loup

Il ne manque plus que le vote du Conseil de l’UE pour voir le loup passer du statut de « strictement protégé » à « protégé », ouvrant la voie à des mesures de régulation du grand prédateur.

Par 371 voix pour, 162 voix contre et 37 abstentions, le Parlement a soutenu le 8 mai la proposition de la Commission européenne visant à modifier la directive « Habitats » afin d’aligner le statut européen de protection du loup sur la convention de Berne , en le faisant passer de « strictement protégé » à « protégé ». Il ne manque plus que l’aval du Conseil de l’UE pour rendre le déclassement effectif. Le cas échéant, la directive modifiée entrera en vigueur 20 jours après sa publication au Journal officiel de l'UE et les États membres auront alors 18 mois pour s'y conformer.

La Commission européenne à la manœuvre

C’est à l’automne 2023 que la présidente de la Commission européenne, réélue en juillet 2024 pour un second mandat, avait impulsé le changement de pied de l’UE sur le statut du loup. Ursula von der Leyen juge alors que « la concentration de meutes de loups dans certaines régions d'Europe » est devenue « un véritable danger pour le bétail et, potentiellement, pour l'homme ». « La proposition de la Commission donnera une flexibilité supplémentaire aux États membres dans la gestion de leurs populations locales de loups, afin qu'ils puissent prendre des mesures bien adaptées aux circonstances régionales, avait fait valoir l’exécutif européen. Étant donné que le loup restera une espèce protégée, les mesures de conservation et de gestion des États membres devront encore atteindre et maintenir un état de conservation favorable. En outre, les États membres auront toujours la possibilité de maintenir un niveau plus élevé de protection du loup, si le droit national le juge nécessaire ».

Vers une adaptation du Plan loup

Les données actualisées et cumulées au sein des Etats membres faisaient état d’une population de plus 20.000 individus, en augmentation, et s'étendant sur des zones de plus en plus grandes, avec la présence de meutes reproductrices dans 23 États membres. En France, selon l’OFB, la population lupine était estimée à 1003 individus, un chiffre comparable aux 1013 individus comptabilisés en 2023, tandis que les constats d’attaques et le nombre de victimes affichent des progressions respectives de 4,6% et 10,6%.

Le déclassement du prédateur devrait connaître à terme sa transcription dans le Plan national d’actions loup 2024-2029, adopté à l’automne 2023. Lors de sa présentation, le ministre de l’Agriculture d’alors, Marc Fesneau, avait indiqué que le Plan pourrait être modifié au cas où le statut du loup évoluerait au niveau européen. « C’est la première fois que l’on affiche cette ambition d’un PNA plastique, adaptatif », avait-il déclaré.