Le pois protéagineux, victime collatérale des aléas météo et sanitaires

Inquiète de la baisse de rendement de l’espèce, porteuse d’un risque de désaffection, la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux n’entend lâcher ni les producteurs ni l’espèce, indispensable à certaines rotations et à la quête d’autonomie protéique nationale.

Il faudra attendre encore quelques semaines pour que Terres Inovia dresse le bilan de campagne des protéagineux en général et du pois en particulier qui, pour cette campagne 2023-2024 couvre 128.000ha, loin devant les féveroles (80.000ha) et le lupin doux (5000ha). Mais les remontées de terrain ne sont pas bonnes et la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux (FOP) redoute que l’espèce n’engendre des pertes économiques pour une majorité de producteurs.

Enchainement d’aléas

Des semis très tardifs impactés par des précipitations constantes, un hiver et un printemps battant des records climatiques de chaleur et d’humidité, une pression maladie ayant pris au dépourvu de nombreux producteurs : tel est l’enchainement maléfique de la campagne 2023-2024.

Selon les premières estimations de rendement du Ministère de l’Agriculture, arrêtées au 1er juillet, le rendement moyen des pois s’établirait à 29,9q/ha. L’an passé, il avait atteint 33,1q/ha, avec comme à l’accoutumée une très forte hétérogénéité selon les régions et les secteurs, avec un point bas à 26,1q/ha en Bourgogne Franche-Comté et un point haut à 38,7q/ha dans les Hauts-de-France.

La FOP mobilisée sur plusieurs fronts

Selon la FOP, près de 60% des surfaces en pois d’hiver sont cette année dans une situation critique, et susceptibles d’engendrer des pertes économiques pour les producteurs concernés. Dans un communiqué, l’association spécialisée de la FNSEA se dit « pleinement mobilisée pour que soient apportées des réponses pragmatiques et concrètes aux attentes légitimes des producteurs et que soient tracées des voies d’avenir pour une culture clef dans la rotation et dans l’affirmation de la souveraineté en protéines végétales de la France ».

Alors que les protéagineux n’ont pas été oubliés par la réforme de la Pac 2023-2027, avec l’attribution d’un aide couplée (de l’ordre de 104/ha) et leur prise en compte dans le calcul de l’écorégime. « D’autres pistes, actuellement à l’étude, visent aussi à permettre de répondre de façon appropriée aux dommages déclenchés par un problème climatique majeur et amplifié par des conséquences sanitaires », indique la FOP, sans plus de précisions.

La FOP mise aussi sur le bilan de campagne à venir de Terres Inovia pour « réaliser un état des lieux complet des pratiques agronomiques qui permettent à la culture d’être plus robuste vis-à-vis des accidents climatiques ou sanitaires, comme le choix variétal et le bon positionnement de la protection contre les maladies, qui ont montré leur efficacité dans différents bassins de production ».