Le réseau Dephy s’exporte vers l’UE

L’INRAE va coordonner le développement d’un réseau de fermes de références agroécologiques au sein de 16 pays de l’Union européenne. Un projet qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie Farm to fork, visant à réduire de 50% l’usage des pesticides d’ici à 2030 au sein de l’UE. En France, l’essaimage des fermes Dephy s’opère via les groupes « 30.000 ».

IPM Works : telle est la déclinaison européenne de notre Dephy national. Pour rappel, le dispositif Dephy vise à explorer et à vulgariser la sobriété phytosanitaire via un réseau de 171 sites expérimentaux (Expé Dephy) et de 3.000 exploitations (Ferme Dephy). L’INRAE se voit chargé de coordonner, aux côtés de 31 partenaires (dont l’ACTA, l’APCA et l’IFV), la mise en place d’un dispositif similaire au sein de 16 pays européens.

La démarche s’inscrit dans la stratégie Farm to fork (de la ferme à la fourchette) dictée par la Commission européenne et qui vise à réduire de 50% l’usage des produits phytosanitaires au sein de l’UE d’ici à 2030. Reste à savoir comment ce plan va s’accommoder des particularismes nationaux et notamment des efforts déjà consentis, ou pas, par chacun des Etats membres. Selon les textes européens, c’est au premier trimestre 2022 que la Commission doit proposer une révision de la directive relative à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable afin de « réduire de manière significative l’utilisation et le risque des pesticides ainsi que la dépendance à leur égard et de renforcer la lutte intégrée contre les ennemis des cultures ».

Des fermes Dephy efficaces...

Si la France inspire l’UE, c’est parce que le dispositif Dephy a obtenu jusqu’à présent des résultats probants. Les Fermes Dephy constituent depuis 2010 la vitrine à grande échelle des pratiques agroécologiques visant à réduire l’usage des produits phytosanitaires, le tout sans altérer la rentabilité des exploitations. Entre la date de leur entrée dans le réseau et l’année 2018, les fermes Dephy, au nombre de 3.000 aujourd’hui, ont enregistré une réduction moyenne des Indices de fréquence de traitement (IFT), hors biocontrôle, de 40% en maraichage, 31% en cultures tropicales, 23% en arboriculture, 20% en grandes cultures, 18% en viticulture et 8% en horticulture.

... le transfert beaucoup moins

Evolution des consommations de substances actives sur 10 ans en France (Source : ministère de l'Agriculture)
Evolution des consommations de substances actives sur 10 ans en France (Source : ministère de l'Agriculture)

Le transfert des acquis des fermes Dephy est en revanche beaucoup moins efficace, si l’on en juge l’évolution de la consommation de produits phytosanitaires depuis une dizaine d’années. De 2011 à 2018, la quantité totale de substances actives n’a pas vacillé d’un iota, alors que la SAU ne cesse de s’effriter et que l’agriculture bio se développe, les usages en AB ainsi que les produits de biocontrôle, eux aussi en croissance, n’étant pas pris en compte dans les statistiques.

En juillet dernier, le ministère de l’Agriculture a cependant fait état d'une baisse brutale des estimations de consommation pour l’année 2019 (-44%), faisant suite à une année 2018 à la hausse (+18%) mais faussée par des anticipations d’achat, induites par une augmentation de la redevance pour pollution diffuse. Les chiffres définitifs pour l’année 2019 doivent être communiqués d’ici à la fin de l’année.

Les groupes « 30.000 »

2019, c’est aussi l’année où le plan Ecophyto s’est enrichi des groupes « 30.000 » visant précisément à assurer le transfert des fermes Dephy vers des collectifs constitués (Ceta, GIEE, GDA, CUMA, réseaux de coopératives, CIVAM…) ou des groupes organisés en collectif autour d’une entité territoriale (signes de qualité, zones sensibles, aires d’alimentation de captage...). L’objectif est de toucher 30.000 exploitations à travers des groupes plafonnés à une vingtaine d’agriculteurs, bénéficiant d’un accompagnement technique et financier pour faire baisser les IFT.