Le Royaume-Uni lève son embargo sur la viande de canards vaccinés contre l’Influenza aviaire

Le marché britannique avait été fermé en mars 2024 en raison de la stratégie française de vaccination obligatoire des canards, initiée en octobre 2023. Un succès pour la « diplomatie sanitaire » concomitamment déployée par la France.

C’est une victoire loin d’être symbolique en terme de chiffre d’affaires pour la filière et plus encore hautement stratégique pour les autorités françaises qui, seules au monde, mais pas sans l’aval de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), avaient décidé d’activer le levier de la vaccination en octobre 2023 pour juguler les attaques massives d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) et porteuses d’un risque existentiel pour les différentes filières avicoles, en ciblant les canards, espèce la plus sensible. Depuis le 22 mai, les autorités britanniques autorisent en effet la reprise des exportations des viandes issues de canards élevés en France et vaccinés contre l’Influenza aviaire, selon un communiqué publié mardi par le ministère de l’Agriculture. « Deux ans après le début de notre campagne de vaccination, d'ampleur inédite au plan international, je me félicite de la confiance que nous avons su maintenir avec nos partenaires commerciaux et je tiens à souligner l’engagement de tous les acteurs qui ont contribué à ce succès » a réagi la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.

Audit sur le terrain

Les autorités britanniques ont pris cette décision à la suite d’une un audit réalisé en France du 2 au 6 décembre dernier, destiné l’application en bonne et due forme des programmes de surveillance passive et active. « La mission en France a permis aux auditeurs de se rendre compte de la robustesse et de la qualité de la conception et de la mise en œuvre du programme de vaccination français », indique le ministère.

Depuis le 7 mars 2024, les éleveurs de canards à rôtir étaient privés d’un volume d’exportations annuel de près de 2.000 tonnes, soit environ 10 % de la production nationale, représentant une perte d’environ 650.000 euros de chiffre d’affaires par mois, selon les Interprofessions des volailles de chair (ANVOL), du canard à foie gras (CIFOG) et du canard à rôtir (CICAR), qui se « félicitent » de la décision du Royaume-Uni, dont elles espèrent qu’elle  conduira prochainement à la levée d’autres embargos, comme au Japon, pays déterminant pour les exportations de foie gras et interdisant à ce jour tous les produits de volailles françaises sur son territoire.

En matière de lutte contre l'IAHP,  il faut bien reconnaitre que la France a fait preuve d’une perspicacité des plus clairvoyantes, au prix ici ou là de rétorsions commerciales de la part de pays tiers, mais que la flambée épidémique aux Etats-Unis a plus que légitimé, si besoin en était. Outre-Atlantique, le virus H5N1 est responsable d’une hécatombe dans les élevages de volailles et de la contamination de centaines d’élevages laitiers, principalement en Californie et affectant des dizaines de personnes au contact des troupeaux, sans toutefois faire mention de transmission inter-humaine.

En France, la Haute Autorité de santé (HAS) a récemment présenté la stratégie vaccinale qui serait mise en œuvre si des personnes exposées à des animaux étaient infectées par le virus. Depuis plusieurs années, les autorités de santé recommandent aux professionnels exposés aux virus influenza porcins et aviaires de se faire vacciner contre la grippe saisonnière afin de réduire le risque de co-infection avec des virus influenza humains.

En France, avec « seulement » 15 foyers en élevage, la saison 2024-2025 entérine une seconde campagne épargnée par le virus de l’Influenza aviaire, sous l’effet conjugué de la biosécurité et de la vaccination obligatoire des élevages de canards.