Les banques promettent des gestes pour les agriculteurs en difficulté

Les agriculteurs en difficulté, et reconnus comme tels par l'Etat, vont pouvoir retarder d'un an le paiement de leur dette bancaire, rééchelonner leurs échéances et bénéficier de prêts à taux préférentiels, a annoncé mardi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

A l'issue d'une réunion avec le secteur bancaire, le ministre a évoqué devant des journalistes « la possibilité pour ces exploitations agricoles en difficulté d'avoir un différé de paiement d'un an de leur dette », puis un rééchelonnement de la dette allant jusqu'à trois ans. Les exploitations en grande difficulté pourront en outre bénéficier de prêts d'urgence à taux préférentiel, « compris entre 0 et 2,5% en fonction de la situation des exploitations » a-t-il ajouté.

Certaines banques ont déjà commencé à proposer des prêts avantageux aux exploitants, ne se privant pas de communiquer sur ces initiatives commerciales en marge du Salon de l'agriculture. M. Le Maire a d'ailleurs dit qu'il voulait laisser jouer la concurrence entre les établissements financiers. Bruno Le Maire a dit vouloir « apporter des solutions immédiates aux entreprises agricoles les plus en difficulté, celles qui ont de réels besoins de trésorerie et qui appellent aujourd'hui au secours, et qui ont besoin qu'on leur apporte des réponses immédiates et concrètes ».

« Il faut de la trésorerie dans les exploitations », avait-il martelé lors d'une visite au Salon lundi. Pour évaluer les besoins, des conseillers dédiés aux entreprises en difficulté dans chaque département vont « regarder la situation de trésorerie de chaque exploitation agricole ». Ils vont commencer ce recensement « dans les heures qui viennent », afin de « définir les exploitations réellement en difficulté », a-t-il précisé mardi.

Tout exploitant s'estimant à court de fonds devra se signaler auprès de ces  conseillers, dans chaque préfecture. « Ensuite, un dialogue s'engage avec son conseiller bancaire, son agence bancaire, pour disposer d'un des deux instruments mis à sa disposition », rééchelonnement ou prêt avantageux, selon le ministre.

Garantie par l'Etat

« Evitons les complexités, les barèmes, les références » compte tenu des disparités locales, a lancé M. Le Maire, qui doit également rencontrer les assureurs «dès la semaine prochaine » : « Il faut être simple, rapide et efficace ».

Le président de la Fédération bancaire française (FBF), le patron de BPCE Nicolas Namias, a promis « le dialogue le plus personnalisé avec (les) clients agriculteurs ».

Yannick Fialip, administrateur de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, n'est pas convaincu. « Entre 0% et 2,5%, il y a une différence. Il ne faudrait pas qu'un agriculteur en difficulté ayant emprunté il y a cinq ans à 1% demande un report d'annuités et se retrouve avec un taux de 2,5% », a-t-il indiqué à l'AFP.

Bruno Le Maire a également indiqué que la garantie par l'Etat de prêts aux agriculteurs, à hauteur de 2 milliards d'euros, serait mise en place dès le 1er mai et non courant juillet comme prévu initialement. Ces prêts - dont le montant moyen devrait selon Bercy tourner autour de 150.000 euros - s'adressent aux « autres entreprises agricoles, qui ont besoin de s'adapter, ont besoin d'acheter du matériel, d'investir, ont besoin de verdir leur exploitation et ont donc des besoins d'investissement très importants », a précisé le ministre de l'Economie. « L'enjeu est fondamentalement de limiter les garanties demandées à nos clients agriculteurs », a commenté Nicolas Namias. « Cela concerne essentiellement des projets nécessitant beaucoup de capitaux et sans beaucoup d'apport personnel. (...) On préférerait des taux bonifiés pour les installations », a réagi Yannick Fialip de la FNSEA.

Egalement présent à Bercy, le directeur général du Crédit Agricole Philippe Brassac a vanté « une agriculture en France qui au total est dynamique, a de l'avenir, se développe ». « Je ne voudrais pas qu'à travers ces dispositifs, on passe le message d'une agriculture qui serait structurellement en difficulté », a-t-il fait valoir.

Le Syndicat des indépendants et des très petites entreprises (TPE), qui revendique 25.000 adhérents, estime que « nombre de TPE du commerce et de l'artisanat connaissent les mêmes difficultés conjoncturelles de trésorerie que leurs collègues du secteur agricole ». Dans un courrier à l'AFP, il demande que le gouvernement « transpose ces solutions » à ces secteurs.