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Les tirs de défense autorisés pour protéger les bovins des attaques de loups
Les tirs de défense sont conditionnés à la mise en œuvre d’au moins une mesure de réduction de la vulnérabilité des troupeaux sur les 11 inscrites dans l’arrêté du 21 juin 2025.
Paru au journal officiel le 22 juin, l’arrêté du 21 juin 2025 modifiant l’arrêté du 21 février 2024 fixe les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus). Il concerne spécifiquement les bovins et les équins, espèces pour lesquelles il n’existe pas de moyens de prévention efficaces alors qu’elles constituent une cible du grand prédateur, en lien avec l’extension du front de colonisation et des populations de loup. Selon le ministère de l’Agriculture, les bovins concentrent désormais 8% des attaques sur les troupeaux.
Une liste de mesures de réduction de la vulnérabilité
S’il n’existe pas de moyens efficaces pour protéger les bovins, le nouvel arrêté conditionne cependant les tirs de défense dérogatoires à la mise en œuvre d’au moins « une mesure de réduction de la vulnérabilité », parmi la liste suivante, avec, dans la mise en œuvre de chacune d’elles, une attention particulière est portée aux troupeaux les plus vulnérables, c’est-à-dire les animaux de moins de 12 mois et ceux soumis à un risque de dérochement :
- vêlages en bâtiment ou en parcs renforcés, ou à proximité immédiate
- élevage d’animaux de moins de 12 mois en parcs renforcés proches des bâtiments d’exploitation ou en bâtiment
- mélange d’âges et de type de bovins et équins (pas d’animaux de moins de 12 mois seuls)
- présence de bovins à cornes dans le lot concerné
- regroupement des lots pour constituer des troupeaux plus importants en nombre
- utilisation d’un système d’alerte et intervention humaine : colliers GPS connectés sur les animaux ou utilisation des pièges photos GSM disposés sur les zones de pâturage qui peuvent alerter de la présence des loups
- regroupement nocturne dans une enceinte protégée (en bâtiment ou par une clôture électrique)
- mise en défens (clôtures) des zones dangereuses comme les barres rocheuses
- une des mesures de protection au sens de l’arrêté du 30 décembre 2022 susvisé parmi : gardiennage renforcé ou surveillance renforcée, chiens de protection des troupeaux, parcs électrifiés
- renforcement du rythme d’inspection des animaux pour atteindre au moins une visite quotidienne pour les lots qui ne seraient pas déjà soumis à cette obligation au titre de l’arrêté du 25 octobre 1982 modifié
- toute autre mesure découlant d’une analyse technico-économique territoriale validée par le préfet coordonnateur
Deux cas de figure
Pour les éleveurs de troupeaux ayant subi une prédation lupine depuis moins de douze mois, les tirs létaux de loups pourront être autorisés par les préfets de département sous réserve de la mise en place d’au moins une des 11 mesures de réduction de la vulnérabilité des troupeaux pour chacun des lots.
Pour les éleveurs de troupeaux n’ayant pas fait l’objet d’une attaque dans les douze derniers mois mais situés dans des territoires soumis à un risque avéré de prédation, l'arrêté du du 21 juin 2025 ouvre une possibilité d’octroi de dérogations par le préfet de département sur la base d’une analyse technico-économique territoriale, validée par le préfet coordonnateur du plan national d’actions sur le loup et d’une justification au cas par cas par le demandeur de sa situation au regard de cette analyse et des mesures de réduction de la vulnérabilité mises en place.
Le loup déclassé, le Plan loup amendé en 2026
L’introduction de tirs dérogatoires pour protéger les bovins émane de la Loi d’orientation agricole, promulguée en mars dernier. Elle marque une étape supplémentaire au bénéfice de l’élevage et des éleveurs, en attendant d’autres assouplissements réglementaires. En effet, le 5 juin dernier, le Conseil de l’UE a définitivement adopté la modification de la directive Habitats, alignant le statut de protection du loup sur la convention de Berne, passant de « strictement protégé » à « protégé » et ouvrant la voie à des mesures de régulation du grand prédateur. En France, cet ajustement pourrait prendre forme dans le Plan national d’actions loup 2024-2029. « Le reclassement du statut du loup de « strictement protégé » à « protégé » au niveau européen, amènera en 2026 de nouvelles modalités de gestion en droit français actuellement en cours de définition avec un appui du groupe national Loup », fait savoir ce lundi dans un communiqué le ministère de l’Agriculture.