- Accueil
- Les vendanges 2025 actent la réduction structurelle du potentiel viticole hexagonal
Mercredi 12/11/2025
Les vendanges 2025 actent la réduction structurelle du potentiel viticole hexagonal
La conjugaison d’aléas climatiques et de programmes d’arrachage dessinent une trajectoire de production se rapprochant des 35 millions d’hectolitres. Non sans soulever des questions existentielles. `
Pour la deuxième année consécutive, la production viticole nationale s’établirait à 36,2 millions d’hectolitres, selon les prévisions d’Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture. Un record historique. Depuis plus d’un siècle, la France n’a jamais aussi peu produit de raisin de cuve. Rien de très surprenant compte tenu des vagues de restructuration qui ont jalonné l’histoire viticole, motivées notamment par la primauté des exigences qualitatives sur la quête de rendement. En dépit de quoi, la France demeure la première sinon la deuxième nation productrice de vin au monde, aux côtés de l’Italie.
Cependant, les dernières années sont annonciatrices d’une nouvelle saignée. Sur les six dernières vendanges (2020 à 2025), trois ont flirté avec les 36 millions d’hectolitres alors que la production moyenne des 10 ou 15 années précédentes dépassait allègrement les 40 millions d’hl. Il s’agit des millésimes 2021, marqué par un épisode de gel massif, 2024, aux prises à des intempéries qui ont impacté le potentiel dès la floraison avant que le mildiou s’en mêle, et pour finir 2025. Cette année, ce sont les épisodes caniculaires qui pénalisé le remplissage des baies. Dénominateur commun : le changement climatique, dont la vigne est un marqueur patent. Mais pas que.
Au cours des deux années passées, deux programmes d’arrachage ont effacé 35.000 ha de la carte : 8000 ha spécifiquement dans le vignoble bordelais où la mévente pousse à l’abandon de parcelles-réservoirs à maladies, 27.461 ha dans le cadre du Plan de réduction du potentiel viticole
En deux campagnes, près de 5% du vignoble national aura été arraché et il n’est pas exclu qu’un nouveau programme soit mis en œuvre dans les mois à venir, si la Commission européenne accède à la demande française de mobiliser la réserve de crise pour en financer le coût. Selon une enquête réalisée récemment par FranceAgriMer, 34.428 ha pourraient être concernés, dont 80% correspondant à des arrachages partiels.
La ministre de l’Agriculture, qui a reçu le 6 novembre dernier les représentants de la filière, les a assurés que la viticulture était l’une de « ses priorités majeures » et qu’elle était déterminée à redonner des perspectives au vignoble qui « fait vivre de nombreux territoires et nourrit une des plus grandes fiertés du pays ». La ministre a pris un certain nombre d’engagements, tels que le déblocage d’une enveloppe de 5 millions d’euros pour la prise en charge des cotisations sociales des viticulteurs au titre de 2025, la prorogation du guichet des aides sécheresse jusqu’à fin 2026 ou encore la mobilisation de 10 millions d’euros inscrits dans le Plan Agriculture climat Méditerranée
Publié fin octobre, un rapport sénatorial estimait que le Plan de filière national, présenté en début d’année, était au « point mort » et plaidait, outre l’organisation d’assises sous l’égide du ministère, pour une reconnexion de la production et du négoce, via la contractualisation et l’ouverture des ODG à l’aval de la filière, assortie d’un « choc » de communication visant à promouvoir la « bannière France » plutôt que le « particularisme local ».
En attendant, les vignerons se feront entendre à Béziers (Hérault) ce samedi 15 novembre à l’occasion d’une mobilisation inter-régionale.
