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Lundi 10/11/2025

L’intranquillité de la filière viticole avant des rendez-vous cruciaux

Face aux représentants de la production et du négoce, Annie Genevard a pris un certain nombre d’engagements en attendant la réponse de la Commission européenne quant à la possibilité d’activer la réserve de crise pour financer un nouveau programme d’arrachage et les premières décisions opérationnelles du Plan de filière national.

Un peu plus d’une semaine avant la mobilisation inter-régionale de la profession, programmée le 15 novembre à Béziers (Hérault), et qui s’annonce massive, la ministre de l’Agriculture a reçu le 6 novembre dernier des représentants de l’ensemble de la filière (production, interprofession, négoce). Annie Genevard les a assurés que la viticulture était l’une de « ses priorités majeures » et qu’elle était déterminée à redonner des perspectives au vignoble qui « fait vivre de nombreux territoires et nourrit une des plus grandes fiertés du pays ».

Vers un nouveau programme d’arrachage ?

La ministre a pris un certain nombre d’engagements, tels que le déblocage d’une enveloppe de 5 millions d’euros pour la prise en charge des cotisations sociales des viticulteurs au titre de 2025, la prorogation du guichet des aides sécheresse jusqu’à fin 2026 ou encore la mobilisation de 10 millions d’euros inscrits dans le Plan Agriculture climat Méditerranée. D’ici à la fin du mois, le ministère de l’Agriculture escompte un retour de la Commission européenne quant à la possibilité de mobiliser la réserve de crise européenne pour financer un nouveau programme d’arrachage.

Selon une enquête réalisée récemment par FranceAgriMer, 34.428 ha pourraient être concernés, dont 80% correspondant à des arrachages partiels, signe selon la profession qu’il s’agirait bien « d’une mesure visant à réadapter le potentiel de production des exploitations et non des cessations d’activités ». Le Plan de réduction du potentiel viticole mis en œuvre en 2024 s’était soldé par l’arrachage de 27.461 hectares, 4955 dans l’Aude, 4219 en Gironde, 4015 dans le Gard, 3211 dans l’Hérault ou encore 2613 dans les Pyrénées-Orientales.

Après leur rencontre avec la ministre, qui a duré près de trois heures, les représentants de la filière ont exprimée ont salué les « engagements concrets » de soutien au secteur vitivinicole tout en espérant qu’ils soient suivis « d’effets pour éviter des drames économiques mais surtout sociaux partout sur le territoire français ». Les professionnels ont profité de leur entrevue pour évoquer « l’incertitude réglementaire » concernant le cuivre, après le retrait de nombreuses AMM et de restrictions d’usage pour celles subsistant.

Deux rendez-vous à venir

La Sitevi (25-27 novembre) pourrait fournir l’occasion de nouvelles annonces, avant les Conférences de la souveraineté alimentaire du 8 décembre, où le Plan de filière national pourrait se traduire en arbitrages et décisions opérationnelles. Publié fin octobre, un rapport sénatorial estimait que ledit plan était au « point mort » et plaidait, outre l’organisation d’assises sous l’égide du ministère, pour une reconnexion de la production et du négoce, via la contractualisation et l’ouverture des ODG à l’aval de la filière, assortie d’un « choc » de communication » visant à promouvoir la « bannière France » plutôt que le « particularisme local ».

Confrontée à un enchainement critique d’aléas climatiques, à d’imprévisibles soubresauts géopolitiques et à une déconsommation croissante doublée d’une distanciation rampante des Français dans leur rapport au vin, la filière viticole est en proie à une crise inédite, aux potentiels impacts économiques et socio-culturels insondables et que rien ne semble conjurer. Au cours des trois années passées, les pouvoirs publics ont multiplié les mesures de soutien, avec notamment, outre les arrachages (120 millions d’euros), des programmes de distillation de crise (200 millions d’euros), des prêts conjoncturels bonifiés et prêts structurels garantis (pas spécifiques à la viticulture), des aides d’urgence aux jeunes viticulteurs ou encore des aides aux pépiniéristes viticoles