Lidl accusé de rouvrir la « guerre des prix »

Trois exemples à l’appui, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France accuse l’enseigne de réactiver la guerre des prix, non sans lien avec le départ récent de son dirigeant Michel Biero.

En pommes, alors que pas un kilo ne devrait sortir des stations à moins de 1 €, les cotations du RNM montrent que sur l'entrée de gamme (les sachets 2 kg) les prix dévissent depuis le début de la saison et se situent 10 % en dessous de la campagne précédente. En fraises, alors qu'en cette semaine de Pâques la production ne satisfait pas la demande, Lidl impose à ses fournisseurs une baisse de prix conséquente de plus de 20 centimes au kilo en regard de ses concurrents.  En concombres, la politique moins disante est identique et se double de menaces d'importations en provenance d’Espagne.

Tels sont les trois exemples fournis par le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France pour déceler chez Lidl un changement de pied. « Le départ de Michel Biero de l'enseigne Lidl avait généré des craintes à l'amont de la filière fruits et légumes frais sur une évolution délétère des pratiques d'achat au détriment des producteurs. Pas de miracle, ces craintes étaient fondées et nos producteurs sont en train de payer cash la volonté du discounter allemand de reprendre la guerre des prix », dénonce le collectif dans un communiqué.

Depuis de nombreuses années, Lidl détonnait dans le paysage de la grande distribution avec ses contrats tripartites dans le secteur de la viande ou encore sa prédilection pour les produits français dès lors qu’ils étaient disponibles s’agissant des fruits et légumes. L’enseigne a fêté cette années ses dix ans de présence au Salon de l’agriculture, un lieu où ne s’aventurent guerre les distributeurs tout comme certains industriels tels que Lactalis, qui a préféré battre en retraite cette année, après avoir annoncé une réduction de sa collecte à l'automne dernier. « Il est donc bien loin le temps où Lidl brillait par le respect des producteurs français », regrette le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France redoute que ses concurrents suivent, en foulant du pied au passage leurs « beaux engagements du Salon de l'agriculture sur l'origine France et la rémunération des producteurs ».

Le 26 février dernier, à l’initiative  l’animatrice Karine Le Marchand, les responsables de cinq enseignes, à savoir Auchan, Carrefour, Casino, Coopérative U et Intermarché (mais pas Lidl) avaient annoncé le déploiement de trois actions destinées soutenir les prix payés aux producteurs, à savoir : pour les plus petits et les plus en difficultés, la vente directe en magasin avec un balisage « l’amour est tout près » pour orienter les consommateurs, le réactivité aux alertes de surproduction pour les produits de saison et la création d’un Observatoire des filières d’avenir, destiné à réserver tous les égards aux produits vecteurs de transition climatique et alimentaire.

Le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France a été créé en 2007 en réaction à l’arrêté du 12 septembre 2006 régissant l’emploi des produits phytos, et instituant notamment les ZNT. Le Collectif soutient notamment la proposition de loi « anti-entraves » visant à mettre fin aux « surtranspositions et surrèglementations » franco-françaises, adoptée par le Sénat le 27 janvier dernier et dont l’examen est attendu à l’Assemblée nationale en mai.