- Accueil
- Moissons en berne : l’attentisme des pouvoirs publics
Moissons en berne : l’attentisme des pouvoirs publics
En déplacement dans une exploitation d’Eure-et-Loir, le ministre de l’Agriculture (démissionnaire) n’a pas apporté de réponses concrètes aux céréaliers impactés par la longue séquence climatique affectant les rendements des céréales, renvoyant au « bilan à l’issue des moissons ».
Avec ses formulations exprimées futur du type « l’Etat sera aux côtés des agriculteurs » et ses conditions suspensives du type « le cas échéant » et « si nécessaire », le ministère de l’Agriculture n’a pas apporté de réponses concrètes aux alertes lancées par plusieurs syndicats agricoles, évoquant ces derniers jours « l’ampleur nationale des pertes » pour les plus optimistes, « l’effondrement de la production » pour les plus pessimistes.
Pour l’heure, le ministère s’est retranché sur l’assurance récolte nouvelle formule, inaugurée en 2023, réservant une Indemnité de solidarité nationale aux non assurés, évoquant par ailleurs le recours « si nécessaire » au dégrèvement de taxe sur le foncier non bâti (TFNB) et à la Déduction pour épargne de précaution (DEP). On est très loin du « plan de sauvetage des exploitations céréalières » réclamé par la CR. Le ministère se dit « vigilant » et aux « côtés des agriculteurs », renvoyant au bilan à l’issue des moissons pour « évaluer plus finement la situation et renforcer la personnalisation des dispositifs le cas échéant en fonction des difficultés rencontrées ».
Selon les estimations du ministère de l’Agriculture arrêtées au 1er juillet, la récolte de blé tendre est estimée pour cette année 2024 à 29,6Mt, en baisse de 15,4% sur un an, doublement pénalisée par la baisse des surfaces (-10,7%) et du rendement moyen (-5,3% à 69,9q/ha). La production d’orge d’hiver s’élèverait à 8,0Mt, en baisse de 17,2%, sous l’effet cumulé de la baisse de surfaces (-8,8%) et du rendement moyen (64,3q/ha, -9,3%). La production de blé dur serait stable.
Selon Arvalis, des pluies régulières et continues du semis jusqu’à la récolte (+40% en moyenne en France par rapport aux 20 dernières années), une forte pression des adventices et des maladies, et pour finir, une baisse du rayonnement affectant une grande partie du territoire (-7% en moyenne sur la France par rapport aux 20 dernières années et jusqu’à -15%) expliqueraient les pertes de récolte pour la campagne 2023-2024, « l’une des campagnes les plus compliquées à gérer sur une période aussi longue », juge l'institut technique.