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Nathalie élève des vaches et cultive des liens
Eleveuse dans l’Oise, Nathalie Bossy s’engage pour faire de sa ferme laitière bio un lieu de vie et de partage. Après avoir organisé des bals folks pendant quelques années, elle a accueilli, en juin 2024 et juin 2025, l’évènement Concerts à la ferme. Dans une étable, plus encore que dans une salle de concert, la musique est un formidable vecteur de liens et d’échanges.
Avant de s’installer à la suite de ses parents, à Bazancourt dans l’Oise, Nathalie Bossy est allée à la rencontre du monde. Ou tout du moins, de l’Europe. A vélo, pendant un an et un mois, elle a voyagé de fermes en fermes, traversant 17 pays, et parcourant quelque 12.000 kilomètres à la force de ses mollets. Seule, mais animée de la volonté de découvrir et de comprendre les gens, les pays, les campagnes, et comment se pratique l’élevage, ailleurs.
A son retour en France, pour pouvoir s’installer, Nathalie entame une formation BPREA. Car même si elle est fille d’éleveurs laitiers, ni elle, ni aucune de ses trois sœurs n’ont fait d’études agricoles. « Nos parents nous ont laissées libres de nos choix. De partir, voyager, étudier, ils n’ont mis aucune pression... ».
La jeune femme était animatrice auprès de jeunes en Bretagne, avant d’avoir le déclic pour l’élevage : « Mes parents préparaient leur retraite, ils voulaient transmettre… Cela faisait sens pour moi de continuer ce qu’ils avaient commencé. Ce qui est marrant, c’est qu’aujourd’hui, trois de leurs quatre filles sont agricultrices », raconte Nathalie.
Poser ses valises et ouvrir sa ferme
Après son BPREA et une formation en transformation fromagère, Nathalie est d’abord salariée de ses parents, avant de reprendre officiellement les rênes de l’élevage laitier en 2021. Pas trop dur pour une baroudeuse de s’installer et de « poser ses valises » ? « Ce sont des moments différents de vie. J’ai adoré partir, mais j’ai adoré aussi m’ancrer dans un lieu ».
Surtout que Nathalie a une botte secrète : si elle ne peut plus aller à la rencontre des autres, peut-être peut-elle inciter les autres à venir chez elle ? « Pendant la crise du covid, avec des amis, nous avons construit un parquet de danse : cela nous permet de transformer le bâtiment des génisses en salle de danse aux beaux jours… ».
« Nous sommes dans un petit village, très rural, où il y a peu d’offres de sorties. Et puis étant éleveuse, c’est compliqué de sortir… Alors, on s’est dit qu’on allait créer notre lieu nous-mêmes. Nous avons organisé des bals folks et des ateliers de danse, d’abord entre amis. Et puis, finalement, nous avons ouvert nos bals à tout le monde. Ensuite, nous avons accueilli du théâtre… et puis, il y a deux ans, nous avons été sollicités pour les Concerts à la ferme ».
« Organiser des évènements à la ferme, certes, c’est du travail, on y passe du temps, et on n’y gagne rien… Mais c’est trop beau ! On aménage l’étable, et elle devient un espace d’accueil, le lieu « vibre » autrement. L’étable, c’est notre lieu d’échanges avec les animaux. Et là, cela devient un lieu d’échange avec les gens. Nous voulions faire de notre ferme un lieu de liens : lien à l’alimentation, lien au vivant, lien entre les habitants... »
Au début, Nathalie et son compagnon, Paul, ancien juriste autrichien lui aussi devenu paysan, organisaient eux-mêmes les spectacles et animations… Mais depuis deux ans, ils ont dû lever un peu le pied, puisqu’ils ont accueilli deux bébés… « Nous avons dit oui aux Concerts à la ferme, car ils s’occupaient de tout, c’était plus cool, nous avions juste à ouvrir notre ferme », rapporte Nathalie.
Concerts à la ferme Les Concerts à la ferme ont été créés en 2023 en Hauts-de-France. Après s’être tenus en 2023 et 2024 dans l’Aisne et l’Oise, ils ont essaimé dans de nouvelles régions en 2025. Les derniers concerts de la saison 2025 auront lieu en Eure-et-Loir les 26, 27 et 28 septembre prochains. Avec une programmation musicale classique, lyrique ou jazz, les Concerts à la ferme souhaitent insuffler une nouvelle dynamique culturelle dans les campagnes, créer des espaces de rencontre et d’échange entre le monde agricole, les habitants de zones rurales, les artistes et les institutions. Ces évènements musicaux de très haute qualité reçoivent les soutiens de nombreux mécènes. Cette saison musicale de proximité est portée par l’association Tous mes rêves chantent et placée sous la direction artistique conjointe d’Hélène Paillette et Arnaud Thorette. |
Cette organisation a permis d’accueillir une soixantaine de personnes pour chacun des deux évènements Concerts à la ferme, qui se sont tenus en juin 2024 et juin 2025. « L’année dernière, nous avons eu des scolaires en journée, pour une découverte de l’opéra, et un concert classique en soirée, où les coqs ont donné de la voix ! ».
Parfois, les coqs s’en mêlent
« Cette année, le programme était plus éclectique, avec du classique, du jazz, de la chanson…les coqs ont fait moins de bruit ! » s’amuse l’éleveuse, qui se réjouit surtout d’avoir eu un public aussi éclectique que le programme : « Nous avions des gens du village qui sont venus à pied, des familles avec de jeunes enfants, et beaucoup d’agriculteurs, de tous bords syndicaux, car notre évènement avait bien été relayé par la chambre d’agriculture ».
Après le concert chez Nathalie, comme dans tous les Concerts à la ferme, le public est invité à rester, pour partager le pot de l’amitié. « Je crois que la musique est une bonne façon de créer des liens entre les gens, de partager, d’éprouver la joie d’être ensemble… En tant qu’agriculteurs, aujourd’hui, on ne veut pas rester dans notre coin. Je pense que ce genre de rencontres peut être un bon outil pour voir au-delà des tensions et des crises. »