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Produire sous indications géographiques est bénéfique pour les revenus agricoles, l’emploi local et l’environnement
C’est la conclusion d’une étude de l’INRAE, qui souligne l’intérêt, pour les territoires, de diversifier leurs produits sous signe d’origine plutôt que de concentrer les efforts sur quelques labels phares.
Soutenir la montée en puissance et la diversification des signes d’origine apparaît comme une stratégie gagnante pour un système alimentaire plus juste, plus résilient et plus respectueux de l’environnement : telle est la conclusion d’une étude de l’INRAE publiée dans Ecological Economics.
Une étude exhaustive à l’échelle cantonale
La singularité de l’étude réside dans la maille analysée par les scientifiques. Ils ont exploité une base de données recensant l’ensemble des exploitations françaises certifiées en IG (hors vin) entre 2013 et 2020, qu’ils ont croisée avec des indicateurs économiques, sociaux et environnementaux à l’échelle cantonale. L’analyse neutralise par ailleurs l’effet de l’agriculture biologique et des aides du second pilier de la Pac en faveur du développement rural. Ainsi, l’étude estime ce qu’auraient été les trajectoires de chaque canton bénéficiaire en l’absence de renforcement des indications géographiques (IG), afin d’isoler l’effet spécifique de ces derniers.
L’étude de l’INRAE se distingue ainsi des approches les plus courantes reposent sur des études de cas centrées sur un produit ou un territoire emblématique. Si elles fournissent des éclairages précieux, elles restent difficilement généralisables : la grande diversité des filières et des territoires, de la châtaigne d’Ardèche au roquefort, en passant par l’oignon de Roscoff ou le jambon de Bayonne , limite la portée des conclusions, souligne l’INRAE. À l’inverse, les travaux cherchant à produire une vision d’ensemble se heurtent au manque de données fiables, tant sur les produits IG que sur leurs impacts économiques, sociaux ou environnementaux. Un obstacle que l’INRAE a contourné grâce à une base de données inédite développée dans le cadre d’un partenariat entre l’INAO.
Les trois piliers du développement durable confortés
L’étude a ainsi mesuré l’impact de l’intensité des IG (part d’exploitations engagées sur le canton) et de leur diversité (nombre de produits protégés) sur les 3 piliers du développement durable : la performance économique des exploitations, l’emploi agricole et la pression environnementale. Les résultats sont sans ambiguïté : une hausse de 10 % de la part d’exploitations sous IG dans un canton est associée à une augmentation moyenne de 1,3 % du profit par unité de travail non salariée, et à 0,5 % d’emplois agricoles supplémentaires. Chaque produit IG additionnel se traduit, lui, par un gain moyen de 0,6 % sur le revenu agricole. Les chiffres confirment que la protection de l’origine n’est pas seulement une garantie pour les consommateurs : c’est un moteur de valeur ajoutée et de maintien de l’emploi local.
Intensité et diversité
Côté environnement, l’intensification et la diversification des IG s’accompagnent d’une baisse marquée de la pression de l’agriculture sur l’environnement : plus faible concentration des pesticides dans l’eau, plus grande diversité paysagère et une meilleure préservation des prairies permanentes, trois facteurs reconnus comme essentiels au maintien de la biodiversité. En revanche, une corrélation positive est constatée entre densité d’IG et concentration de nitrates dans les eaux de surface, ce qui appelle des mesures de gestion ciblées, indique l'INRAE.
L’étude met ainsi en évidence le rôle complémentaire de l’intensité et de la diversité des IG pour concilier compétitivité agricole, emploi local et transition écologique. Elle souligne aussi l’intérêt, pour les territoires, de diversifier leurs produits sous signe d’origine plutôt que de concentrer les efforts sur quelques labels phares.