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Serres chauffées, un délai supplémentaire, la FNAB contre-attaque
Les maraîchers en agriculture biologique avaient jusqu’en 2025 pour abandonner les énergies fossiles et se tourner vers les énergies renouvelables. Cependant, le CNAB (Comité national de l’agriculture biologique), rattaché à l’INAO, a accordé un nouveau délai supplémentaire pour cette conversion. Ils auront désormais jusqu’en 2030 pour effectuer cette transition.
Bien que cette décision ne concerne que les serres installées avant 2020, elle a suscité la colère de la FNAB (Fédération nationale de l’Agriculture Biologique), qui estime que cette mesure ne concerne “qu’une trentaine de producteurs parmi les 14 000 producteurs de légumes bio en France”, comme indiqué dans son communiqué de presse du 11 juillet 2024. Pour la fédération, “le chauffage des serres est incompatible avec les principes de la bio et ne respecte en aucun cas la saisonnalité de la production”. Elle a donc déposé une motion demandant la mise en place d’étapes annuelles pour suivre les actions mises en œuvre pour cette conversion, actions qui, selon elle, n’ont pas été mises à profit par les opérateurs pour s’affranchir des énergies fossiles.
Toujours pas de sensibilisation au respect de la saisonnalité
Ce report risque de favoriser encore une fois la mise en valeur sur les étals, de fruits et légumes hors-saison. Pour pallier la demande en hiver, la France est obligée d’augmenter ses importations. C’est le cas de la tomate par exemple. Il y a quelques mois, les camions chargés de ce fruit rouge en provenance de l’étranger - en particulier du Maroc - étaient souvent attaqués et/ou bloqués pour concurrence déloyale. Le Royaume avait insisté sur le fait qu’il agissait en toute légalité et ne bénéficiait pas de favoritisme par rapport aux agriculteurs français. L’accord France-Maroc précisait que le Maroc bénéficiait d’un abattement des charges de 60 % des frais de douane pour la période du 1er octobre au 31 mai, soit hors-saison, “pour pallier la pénurie de production de tomates en cette période de l’année”. Les Français consomment près de 14 kg de tomates par an, et le pays pourrait difficilement rivaliser avec de grands producteurs…
La production sous serre : polluante et coûteuse
Selon l’Agence française de la transition écologique (Ademe), “une tomate hors saison génère quatre fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate produite à la bonne saison (entre juin et septembre)”. Toujours selon l’Ademe, une tonne de tomates cultivées sous serre chauffée consomme 2 360 kg de CO2, contre 2 200 kg de CO2 en moins dans un abri non chauffé.
Certains détracteurs de la production de légumes sous serres chauffées dénoncent également un greenwashing, car ces productions bénéficient d’un label associé pour les consommateurs à des méthodes vertes et non polluantes pour la terre. Les tomates, poivrons, courgettes aubergines et concombres biologiques pourront être produits en bio sous serre. De plus, certains producteurs qui cultivent sous serres chauffées doivent faire face à l'augmentation du prix des énergies fossiles.
La cogénération et autres utilisations d'énergies annexes
Pour réduire la facture d'électricité, de plus en plus d’agriculteurs pratiquant la culture sous serre chauffée adoptent la cogénération et deviennent producteurs de leur propre électricité. Ils sont aujourd’hui plus de 40 % à utiliser ce système. A condition qu'ils soient raccordés au gaz. D'autres utilisent la chaleur résiduelle des usines situées à proximité ou par l'utilisation de panneaux solaires.