Végétal local, la marque prête à relever le défi du Pacte en faveur de la haie

La marque créée par l’OFB garantit l’adaptation des jeunes plants aux différents terroirs de l’Hexagone. La montée en charge concomitante des pépiniéristes labellisés et de la production est de nature à fournir les 50 millions de plants nécessaires aux 50.000 km visés d’ici à 2030.

Y aura-t-il assez de plants pour couvrir les besoins du Pacte en faveur de la haie, qui porte l’ambition d’allonger le linéaire de 50.000 km à l’horizon 2030 ? Faudra-t-il recourir à l’importation et ravaler une fois de plus notre orgueil souverainiste ? Les plants seront-ils adaptés aux terroirs auxquels ils sont destinés ? Le Pacte, qui subventionne les projets de plantation à hauteur de 80%, ne risque-t-il pas d’engendrer une flambée des prix sous l’effet d’une frénésie de la demande ? Autant de questions pernicieuses à souhait mais au dessein moins catastrophiste que redouté, bien au contraire.

"La filière Végétal local est suffisamment mâture pour répondre aux enjeux du Pacte en faveur de la haie"

Selon l’association Afac-Agroforesteries, reconnue d'utilité publique et qui depuis plus de 40 ans, défend « l’arbre hors-forêt », via ses 6 associations régionales et ses 400 organismes adhérents, tous les voyants sont en effet au vert. « Selon nos enquêtes menées auprès des producteurs de plants bénéficiaires de la marque Végétal local, la France est en capacité de produire actuellement 5 millions de plants par an, ce qui équivaut à environ 5000 km de haies, déclare Benjamin Gourlin, chargé de projet à l’Afac-Agroforesteries. Selon nos projections, la capacité de production atteindra les 9 millions de plants annuels d’ici à 2026. Même si une partie des plants sert d’autres usages, comme par exemple la compensation écologique, la filière Végétal local est suffisamment mâture pour répondre aux enjeux du Pacte en faveur de la haie ».

Des plants produits dans chaque « région écologique »

Végétal local, c’est la marque créée par l’Office français de la biodiversité (OFB) en 2015. Les plants Végétal local présentent toutes les garanties d’adaptation aux terroirs, au climat et aux pollinisateurs inféodés aux territoires. « Les plants produits dans une région écologique ont vocation à être plantés dans la même région écologique », résume Benjamin Gourlin.

De 5 millions/an, la filière Végétal local va monter à 9 millions/an de plants, équivalant grosso modo à 9000 km de haies (©Afac-Agroforesteries)
De 5 millions/an, la filière Végétal local va monter à 9 millions/an de plants, équivalant grosso modo à 9000 km de haies (©Afac-Agroforesteries)

Actuellement, plus de 120 pépiniéristes et semenciers disséminés sur le territoire adhèrent à la marque et à son référentiel, et l’effectif devrait encore croître dans les années à venir, ce qui garantira la montée en puissance de la production, tout en assurant une bonne couverture territoriale, même s’il demeure encore quelques « trous », notamment sur l’arc méditerranéen et en Corse. « Le déploiement de la marque Végétal local permet une montée en charge de la production pour répondre aux enjeux de plantation, tout en restant dans une économie de marché », indique Benjamin Gourlin, qui balaie tout risque inflationniste.

Végétal local et les appels à projet du Pacte

Disponibles en temps et en heure, les plants du Pacte pour la haie ne seront donc pas seulement français, ils relèveront le plus souvent d’une logique de « circuits courts » et seront proposés aux prix usuels du marché.

Au Salon de l’agriculture, le ministère de l’Agriculture a officialisé le lancement des premiers appels à projet « plantation et gestion durable des haies », concernant les Régions Nouvelle-Aquitaine, Grand-Est et Martinique (©Clara Picot / Afac-Agroforesteries)
Au Salon de l’agriculture, le ministère de l’Agriculture a officialisé le lancement des premiers appels à projet « plantation et gestion durable des haies », concernant les Régions Nouvelle-Aquitaine, Grand-Est et Martinique (©Clara Picot / Afac-Agroforesteries)

Concrètement, le Pacte va prendre la forme d’appels à projet, région (administrative) par région, avec un pilotage des DRAAF, auxquelles pourront candidater les agriculteurs sinon, en leur nom, les structures d’animation territoriale qui accompagnent les agriculteurs dans leurs projets agroforestiers. Les Régions Nouvelle-Aquitaine, Grand-Est et Martinique ont ouvert le bal début mars. Ces appels à projet pourraient spécifier un taux minimum de plants estampillés « Végétal local » afin d’offrir toutes les garanties de continuité écologique qui sous-tend le Pacte.

Des appels à projet complémentaires

Outre les aides à la « plantation et gestion durable des haies », qui constituent le cœur du réacteur du Pacte, deux autres appels à projets viendront compléter le dispositif, à commencer par celui destiné à structurer la « filière de valorisation durable de la haie », qui sera dévoilé le 5 avril. S’ensuivra l’appel à projet « graines et plants » visant à soutenir les investissements pour des pépinières forestières et agroforestières. Il ne manquera plus que le « Projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture », dont un des articles créera un régime unique garantissant la protection des haies, agricoles et non-agricoles, et la sécurisation des travaux de gestion et de valorisation. Le projet de loi sera présenté au Conseil des ministres le 3 avril puis au Parlement en mai.