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[Rétro 2024] En mars, on plante des haies et en octobre, on plante le Pacte
Crédité de 110 millions d’euros pour 2024, le Pacte en faveur la haie entend faire table rase du passé pour faire sortir de terre un gain net de 50.000 km de linéaire de haies d’ici à 2030. En octobre, le budget est amputé des trois-quarts. En décembre, il n’y a plus de budget.
Des plants présentant toutes les garanties d’adaptation aux terroirs, au climat et aux pollinisateurs inféodés aux territoires grâce à la marque Végétal Local créée par l’OFB. Des aides à la plantation et à la gestion durable et des haies sous forme d’appels à projet (AAP) mobilisant un budget de 94 millions d’euros sur un total de 110 millions crédités pour l’année 2024. La création sinon la consolidation de filières de valorisation des haies en bois-énergie, bois de construction ou en litière tout en garantissant une gestion durable de la ressource. Telles sont les trois strates du Pacte en faveur de la haie.
Présenté à l’automne 2023, le Pacte entre dans sa phase opérationnelle en mars, avec le lancement des premiers appels à projet dans les régions Nouvelle-Aquitaine, Grand-Est et Martinique, avant de s’étendre à l’ensemble des territoires. Objectif : accroître de 50.000 kilomètres le linéaire d’ici à 2030, pour le porter à 800.000 kilomètres. Publié en 2023, un un rapport du Conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux (CGAAER) révélait que 20.000 km de de haies disparaissaient bon an mal an du paysage agricole français, sous l’effet d’arrachages conformes à la législation en place, en dépit des dispositifs de soutien existants tels que le bonus écorégime et la BCAE 8.
L ʼAfac-Agroforesteries, qui avait lancé en 2023 un « appel de la haie » évoque alors « un tournant historique » à propos du Pacte en faveur de la haie, se réjouissant notamment du soutien à l’entretien des haies. « Stopper le déclin des haies, cʼest avant tout encourager l’adoption de pratiques de gestion durable des haies pour qu’elles soient en bon état écologique et qu’elles puissent rendre les services attendus », réagit son président Philippe Hirou.
La haie, sacrifiée depuis des lustres par les remembrements et les arasements au nom des gains de productivité, allait de nouveau barrer l’horizon des mornes plaines, redessiner les paysages, héberger des auxiliaires, réguler le cycle de l’eau, synergiser le rendement des cultures contiguës, ombrager les troupeaux, tempérer le micro-climat alentour, fournir du bois-énergie, capter du carbone… Patatras.
A la mi-octobre, lors de l’examen du Projet de loi de finances 2025, les députés ressortent la tronçonneuse de sous leur banc et coupent à blanc ou presque le Pacte en réduisant son budget de 110 à 30 millions d’euros. « Alors que le budget proposé par le gouvernement affiche une ambition de stockage carbone accrue et prévoit une augmentation de l’enveloppe pour la gestion des aléas en agriculture, la baisse des crédits en faveur des haies reviendrait à priver les agriculteurs du rôle très important d’adaptation aux aléas climatiques que jouent les haies, ainsi que d’un puits de stockage carbone pour notre politique climatique », réagit l’Afac-Agroforesteries.
De 14 textes réglementaires à 1… et finalement 0
Il faut dire qu’entre mars et octobre, la dissolution de l’Assemblée nationale est passée par là et l’ex-majorité présidentielle a subi un coup de rabot qui ne lui permet plus de voir par-dessus la haie. Ratiboisés aussi le projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture et son article 14 qui visait à agréger les 14 textes réglementaires encadrant la gestion des haies pour n’en faire qu’un. Avec la chute du gouvernement de Michel Barnier, déchiqueté par une motion de censure sanctionnant son projet de loi de finance de la sécurité sociale passé à la fendeuse du 49.3, c’est 0 budget et 0 texte. La haie, cette immuable malaimée.
Tous les articles de la rétrospective 2024 : En janvier, les paysans sur le bitume, le Premier ministre sur la paille En février, le soulèvement de terriens au Salon de l’agriculture En mars, on plante des haies et en octobre, on plante le Pacte |