Compétitivité : adieu tomate, poulet, blé, pomme, lait ?

Publié à l’automne dernier, un rapport de la Commission des affaires économiques du Sénat dresse un réquisitoire sévère des politiques agricoles, avec en tête la montée en gamme, un palliatif censé contrebalancer les défauts de compétitivité de la Ferme France, mais qui résiste mal à l’insécurité alimentaire de plus en plus de Français et aux enjeux de souveraineté et de renouvellement des générations. Plongée dans cinq filières.

Montée en gamme, descente en compétitivité (1/5) : la tomate dans le coulis

Ni la tomate cerise ni la bio n’ont permis de contrer les tomates marocaines et espagnoles, aux coûts de production imbattables, avec parfois le tuteurage complice des politiques publiques, française et européenne. Le salut passera-t-il par la tomate ancienne, dernière antienne en date ? Ou par la raréfaction de la ressource en eau... au Maroc.

En 2020, le déficit de la balance commerciale en tomate fraiche s’est élevé à environ 300.000 t, équivalant à 240 millions d’euros
En 2020, le déficit de la balance commerciale en tomate fraiche s’est élevé à environ 300.000 t, équivalant à 240 millions d’euros

Montée en gamme, descente en compétitivité (2/5) : du bon poulet français... le dimanche

La France a concentré ses efforts sur le poulet entier sous signe de qualité, dont la consommation stagne, au détriment du poulet standard et des filets, dont la consommation et les importations explosent. Notre pays paie cher son modèle familial et la diversification des productions, selon un rapport sénatorial

Les principales différences de coût de revient s’expliquent avant tout par la taille modérée des installations et la diversité des productions, limitant les économies d’échelle possibles (Crédit photo : R. Lecocq)
Les principales différences de coût de revient s’expliquent avant tout par la taille modérée des installations et la diversité des productions, limitant les économies d’échelle possibles (Crédit photo : R. Lecocq)

Montée en gamme, descente en compétitivité (3/5) : du blé des croissants au blé... décroissant

Selon un rapport sénatorial, la France céréalière doit son grenier à ses rendements (mais plafonnant), à ses primes Pac (en baisse) et à ses silos (vieillissants), alors que l’Etat manille la faucille des surtranspositions environnementales et du sous-investissement dans la recherche, sur fond de concurrence croissante avec les blés de la Mer Noire. En aval, il y a des grumeaux dans la farine et de la casse en biscotte.

La France céréalière, un colosse en fétu de paille, selon un rapport de la Commission des affaires économiques du Sénat (Crédit photo : R. Lecocq)
La France céréalière, un colosse en fétu de paille, selon un rapport de la Commission des affaires économiques du Sénat (Crédit photo : R. Lecocq)

Montée en gamme, descente en compétitivité (4/5) : la pomme victime de l’effet « tarte tatin »

Selon un rapport sénatorial, la stratégie consistant à esquiver une compétitivité défaillante par une montée en gamme censée être plus rémunératrice s’avère totalement contre-productive, en faisant un lit aux pommes d’importation et en hypothéquant le renouvellement des vergers et des producteurs.

Moins de production, des exportations en berne, des importations qui augmentent : la pomme française décroche, selon un rapport sénatorial (Crédit photo : R. Lecocq)
Moins de production, des exportations en berne, des importations qui augmentent : la pomme française décroche, selon un rapport sénatorial (Crédit photo : R. Lecocq)

Montée en gamme, descente en compétitivité (5/5) : l’éleveur, l’autre vache à lait de la filière

La compétitivité de la filière laitière s’opère sur l’échine des éleveurs, sur-bossant et sous-payés, au détriment de l’investissement et plus grave, du tarissement des installés, du cheptel de vaches et, in fine, de tout l’écosystème laitier : tel est le constat, à grosse louche, de la Commission des affaires économiques du Sénat, qui redoute « un vaste plan social ».

Selon la Commission des affaires économiques du Sénat, la France masque ses défauts de compétitivité en faisant du revenu des éleveurs sa variable d’ajustement (Crédit photo : R. Lecocq)
Selon la Commission des affaires économiques du Sénat, la France masque ses défauts de compétitivité en faisant du revenu des éleveurs sa variable d’ajustement (Crédit photo : R. Lecocq)