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Lundi 08/12/2025
De l’insecte stérile au zéro insecticide ?
« L’Avent des avancées en agriculture » (8/25). Le lâchage de mâles stériles est de nature à réduire significativement les populations de mouches, papillons et coléoptères des vergers, sans risque de résistance et a priori sans effets non intentionnels, mais supposant une mobilisation collective.
La technique de l’insecte stérile, ou TIS, est une technique de lutte autocide, c’est-à-dire interrompant le cycle de reproduction. Elle consiste à élever en masse un insecte et à stériliser, au moyen de rayons ionisants, les mâles après sexage, sans toutefois les priver de leur compétitivité sexuelle. Lâchés par voie aérienne au-dessus de zones définies, les mâles stériles s’accouplent avec des femelles sauvages sans engendrer de descendance, ce qui entraîne une diminution de la population de l’espèce ciblée.
Une technique prometteuse contre les moustiques…
La TIS est porteuse d’espoir pour lutter contre les moustiques et plus particulièrement le moustique tigre, susceptible de transmettre des arboviroses telles que la dengue, le chikungunya ou encore Zika, qui sont autant de menaces pour la santé publique. Des projets de recherche sont notamment en cours à la Réunion tandis que plusieurs collectivités de métropole ont expérimenté leurs premiers lâchers. Dans un rapport d’expertise publié cet été, l’Anses écrit que « l’absence d’études mesurant l’impact de la TIS sur l’incidence des arboviroses ne permet pas, au moment de la rédaction du rapport, d’évaluer l’efficacité épidémiologique de la technique ». Cependant, la TIS induit chez le moustique tigre « une réduction du taux d’éclosion des œufs », reflétant « le succès de la stérilisation par irradiation des mâles lâchés et de l’accouplement entre les mâles stériles et les femelles sauvages, sans rendre directement compte d’une réduction du nombre de femelles ».
… et les ravageurs
La TIS pourrait par ailleurs connaître des développements dans la lutte contre différents ravageurs des cultures, comme par exemple la mouche méditerranéenne des fruits, la mouche orientale des fruits, la mouche du melon, la pyrale de la poire ou encore le carpocapse du pommier. Il s’agit d’une alternative biologique potentiellement prometteuse, sans risque de résistance et a priori dénuée d’effets non intentionnels. Son déploiement est cependant suspendu à une forte mobilisation collective, aux plans opérationnel et financier.
En Espagne, dans la région de Valence, la TIS est déployée à grande échelle pour lutter contre la mouche méditerranéenne des fruits. Le programme, financé par le gouvernement régional, coûte huit millions d’euros par an et protège une industrie fruitière (agrumes, pêches…) dont le chiffre d’affaires se situe aux alentours de 10 milliards d’euros annuels.
En France, au plan réglementaire, la loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, promulguée le 11 août dernier, a ouvert la voie à son déploiement.
Retrouvez chaque jour, du 1er au 25 décembre, notre sélection des nouvelles réjouissantes de l’année 2025. Sous la forme d’un calendrier de l’avent, Pleinchamp vous propose une sélection d’initiatives enviables, de portraits inspirants, d’avancées concrètes et de lueurs d’espoirs pour le monde agricole. Preuve que même si de nombreux combats restent à mener, certaines nouvelles vont dans le bon sens : celui d’un monde plus durable, plus juste, plus rémunérateur pour les agricultrices et les agriculteurs. |