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La technique de l’insecte stérile (TIS), à la croisée de la santé humaine et végétale
Sur l’ile de La Réunion, l’IRD et le Cirad réalisent les premiers lâchers de moustiques tigres stériles, visant à éradiquer l’espèce responsable de la transmission de la dingue. En agriculture, la TIS est une alternative biologique prometteuse contre de nombreux ravageurs des vergers.
D’abord, des lâchers, durant 6 mois, sur 60 hectares, d’août 2025 à février 2026, à raison de 1000 mâles stériles imprégnés par hectare et par semaine. Puis, des lâchers, pendant 12 mois, sur 175 hectares, de mars 2026 à février 2027, toujours à raison de 1000 mâles stériles imprégnés par hectare et par semaine. Tel est le protocole du projet OpTIS, développé par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).
Deux essais pilote avant OpTIS
Depuis plusieurs années, les deux organismes expérimentent sur l’ile de la Réunion, dans l’océan indien, la Technique de l’insecte stérile, ou TIS, pour lutter contre le moustique tigre (Aedes albopictus) et le moustique tigre (Aedes aegypti), vecteurs de la dengue, de l'infection à virus Zika ou encore du chikungunya, menaçant la santé publique, dans les territoires aussi -marins mais dans l’Hexagone.
Conduits au cours des années passées, deux essais pilote distincts sont parvenus à des taux de réduction de population respectifs de 61% et 9%, contre Aedes albopictus pour le premier, Aedes aegypti pour le second. Financé par le Fonds européen de développement régional (FEDER), la Région Réunion, le Ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur et le Ministère de la santé, le projet OpTIS, mené sur la commune de Saint-Joseph constitue « un essai de suppression d’Aedes albopictus par la TIS renforcée, à grande échelle et en conditions opérationnelles ».
Une technique de lutte autocide
La technique de l’insecte stérile, ou TIS, est une technique de lutte autocide, c’est-à-dire interrompant le cycle de reproduction des ravageurs. Elle consiste à élever en masse un insecte ravageur et à stériliser, au moyen de rayons ionisants, les mâles après sexage, sans toutefois les priver de leur compétitivité sexuelle. Lâchés par voie aérienne au-dessus de zones définies, les mâles stériles s’accouplent avec des femelles sauvages sans engendrer de descendance, ce qui entraîne une diminution de la population de l’espèce de ravageur ciblée.
Dans sa version renforcée, la TIS est potentialisée par l’utilisation d’un larvicide, le pyriproxifène, biocide de troisième génération utilisé à très faible concentration (10 fois moins que la dose recommandée par l’OMS dans l’eau buvable) et de manière ciblée dans l’espace et dans le temps.
Outre sa dimension scientifique, le projet OpTIS, encadré par un arrêté préfectoral, comporte aussi un volet sociétal, consistant à évaluer la perception et l’acceptabilité de cette technologie innovante de contrôle vectoriel par les populations.
Une technique prometteuse contre les ravageurs
La TIS pourrait par ailleurs connaître des développements dans la lutte contre différents ravageurs des cultures, comme par exemple la mouche méditerranéenne des fruits, la mouche orientale des fruits, la mouche du melon, la pyrale de la poire ou encore le carpocapse du pommier. Il s’agit d’une alternative biologique potentiellement prometteuse, sans risque de résistance et a priori dénuée d’effets non intentionnels. Son déploiement est cependant suspendu à une forte mobilisation collective, aux plans opérationnel et financier. Au plan réglementaire, la loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, promulguée le 11 août dernier, a ouvert la voie à son déploiement.