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Vendredi 07/11/2025

Face aux bioagresseurs, la réponse sera combinatoire, partenariale et territoriale

[Edito] C’est la prescription délivrée par la recherche, tant publique que privée, pour déjouer impasses et impacts. Un triptyque qui en appelle un autre, à savoir la formation, l’accompagnement et la sécurisation des agriculteurs.

« On a les moyens, on a les outils pour changer les modèles et les rendre durables, mais il faut que tout ceci soit intégré dans une approche systémique de la chaine de valeur globale ». Ça, c’est Jean-Jacques Pons, directeur général BASF France Division Agro, qui l’affirmait le 23 octobre dernier à l’occasion de la conférence de presse annuelle de l’entreprise. « Le projet de De Sangosse, c’est d’accélérer la transformation des modèles agricoles mais notre entreprise ne pourra pas le mener à bien seul. On veut casser le système historique de raisonnement en silo et construire plus de partenariat, plus de combinatoire, avec de l’agronomie, de la génétique, des biosolutions. J’appelle de mes vœux un rassemblement d’alliances. Cet appel s’adresse à tous les acteurs de la filière, à nos clients distributeurs et à leurs équipes qui sont tous les jours au contact des agriculteurs, aux instituts techniques, à nos confrères de la semence et à nos concurrents ». Ça, c’est Nicolas Fillon, PDG de De Sangosse, qui le clamait le 28 octobre dernier à l’occasion de la présentation de sa feuille de route à horizon 2030.

Un nouveau paradigme

Coup sur coup, deux acteurs majeurs de la phytopharmacie, l’un axé sur les biosolutions, mais sans renoncer à la chimie conventionnelle, l’autre dont la croissance sera tirée par les biosolutions, les blés hybrides, le digital, mais pas sans coopérer avec les acteurs institutionnels, scientifiques, techniques et académiques, entérinent le nouveau paradigme de la protection des cultures : combinatoire, partenariale et territoriale. Combinatoire parce que la formule magique « un problème phyto, une solution phyto » est définitivement anachronique, ne faisant au mieux que déplacer les problèmes. Partenariale parce que la complexité du vivant, que le changement climatique ne manque pas d’exacerber, impose d’aller faire son marché dans toute la boite à outils. Territoriale parce que certaines stratégies de lutte, telles que la prometteuse Technique de l’insecte stérile (TIS) ou l’usage de kairomones requièrent concertation et massification. Certains projets collectifs, tel Dephy Expé R2D2 dans l’Yonne, ont déjà démontré leur pertinence face aux ravageurs du colza.

La puissance publique allante

La recherche privée n’est pas la seule à appeler à une transformation des systèmes agricoles (et alimentaires). Dans l’une de ses dernières contributions sur le sujet des pesticides, relative à la quête d’alternatives aux néonicotinoïdes, l’INRAE ne prône pas autre chose que la prophylaxie, l’épidémiosurveillance et les stratégies combinatoires, dans la droite ligne du PARSADA, décrété par le ministère de l’Agriculture en 2023 pour parer aux impasses, avec, pour dernière alerte en date, l’usage du cuivre en vigne. Encore faut-il que la recherche appliquée fournisse des références idoines aux agriculteurs et que ces derniers soient techniquement et financièrement sécurisés dans la mise en œuvre des solutions.

Formation, accompagnement, sécurisation des agriculteurs : c’est ce que prône le Haut-commissariat à la stratégie et au plan (HCSP) dans un rapport publié il y a quelques jours et consacré à la santé environnementale, traitant des PFAS, des particules fines, du bruit et des pesticides. Alors que les résidus de pesticides imprègnent tous les éléments de notre environnement, jusqu’aux nuages, mais également l’organisme de beaucoup d’entre nous, les planètes semblent alignées pour faire en sorte que notre Planète demeure vivable, y compris pour ceux qui nous nourrissent, en sortant d’une « logique de stigmatisation », comme le formule le HCSP, qui rappelle que les agriculteurs sont « les premières victimes » des pesticides.