Ecophyto : un nouvel indicateur de référence et un nouveau plan avant le Salon de l’agriculture

Le gouvernement réitère l’objectif d’une baisse de -50% à horizon 2030 sur la base d’un indicateur et d’une période de référence qui restent à arbitrer. Les 250 millions d’euros alloués à la recherche d’alternatives et à leur déploiement doivent garantir le « succès » d’Ecophyto 2030.

« L’ensemble des parties prenantes à commencer par le gouvernement n’ont pas du tout l’intention de réduire l’ambition en terme de baisse de consommations des pesticides, l’objectif de -50% en 2030 a bien été réaffirmé, c’est l’objectif qui dirige l’action ». A l’issue du Comité d’orientation stratégique et de suivi (COS) du Plan Ecophyto qui s’est tenu le 12 février et que les ONG environnementales ont boudé, le gouvernement a dissipé tout risque de malentendu quant à l’interprétation de la « pause » décrétée par le Premier ministre le 1er février dernier, parmi tout un flot d’annonces destiné à mettre fin à la crise. La réaffirmation de l’objectif n’était pas anodine, dans la mesure où la Commission européenne a elle-même mis sur pause son projet de règlement SUR, incluant l’objectif de -50% en 2030 inscrit dans le Pacte vert.

"On n’arrêtera pas de calculer le Nodu, on ne casse pas le thermomètre"

Seconde annonce : le Nodu (Nombre de doses unités), le mètre étalon des Plan Ecophyto depuis 2009, ne vas pas disparaître du paysage. « On n’arrêtera pas de calculer le Nodu, on ne casse pas le thermomètre, défend-on à Matignon. Il s’agit d’un indicateur franco-français que l’on avait construit très collégialement. L’idée est de continuer à le suivre mais parmi d’autres indicateurs ». A l’occasion du COS, différents indicateurs alternatifs ont été présentés aux parties prenantes, dont le HRI qui, en plus de comptabiliser les tonnages de substances actives, intègre des coefficients de pondération liés à leur dangerosité. Le gouvernement évoque un « tableau de bord » constitué de plusieurs indicateurs en usage au niveau européen, dont l’un fera office de référence pour jauger la trajectoire de baisse des usages de produits phytos, en France mais aussi dans l’ensemble des pays membres de l’UE. Le choix de cet indicateur n’a pas été arbitré à ce stade, tout comme la période de référence. Mais le gouvernement a promis de trancher avant l’ouverture du Salon de l’agriculture le 24 février.

Registre numérique et zonage

Le gouvernement a par ailleurs apporté des précisions quant au registre numérique et au zonage, deux sujets de préoccupation pour les agriculteurs. « Ecophyto ne crée aucun nouveau zonage », affirme Matignon, évoquant un « travail de simplification en cours », et qui devrait déboucher sur la création d’un portail permettant de savoir à quel(s) zonage(s) est soumis chaque parcelle. En ce qui concerne le registre numérique, destiné à suivre la consommation de produits phytosanitaires à l’échelle de chaque exploitation, le gouvernement affirme qu’il sera instauré d’ici à 2026, conformément à la directive européenne SUD mais que les conditions de gestion des données - confidentialité versus diffusion - restent à définir. En revanche, la tenue d’un registre centralisé initialement prévue dans Ecophyto 2030 est abandonnée du fait du recul de la Commission européenne sur le règlement SUR.

250 millions d’euros pour la recherche et le déploiement d’alternatives

En ce qui concerne les moyens dévolus à Ecophyto 2030, le gouvernement a évoqué un budget de 250 millions d’euros dédié à la recherche d’alternatives et à leur déploiement, dont 146 millions seront fléchés vers le PARSADA, le Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait de substances actives au niveau européen et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures.

Selon le gouvernement, là où les anciens Plan Ecophyto se comptaient en « dizaines de millions d’euros », les moyens alloués à Ecophyto 2030 constituent un « changement d’échelle » qui, ajouté à la structuration de la recherche et au déploiement des alternatives, constitue un « facteur de succès du Plan Ecophyto 2030 ».