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En 2023, quelle production agricole était la plus rentable ?
Après avoir progressé de 26,9 % en 2021 et de 21,3% en 2022, l’excédent brut d’exploitation (EBE) par actif non salarié a baissé de 25,7 % en 2023 pour s’établir en moyenne à 66.450 €. Les comptes prévisionnels 2024 préfigurent une nouvelle baisse, sous le double effet de la chute des volumes et des cours des grains.
Selon la Commission des comptes de l’agriculture de la nation, après deux années de forte hausse et des résultats historiquement élevés en 2022, l’année 2023 acte un recul des résultats économiques de l’agriculture française. Il s’explique d’abord par une baisse de la production en valeur sous l’effet de baisses de prix marquées pour de nombreuses productions végétales, mais aussi par une poursuite de la hausse des charges. Après +26,9% en 2021 et +21,3% en 2022, l’excédent brut d’exploitation (EBE) par actif non salarié baisse de 25,7% en en 2023 pour s’établir en moyenne à 66.450 €. Plus de 40% des exploitations connaissent une baisse d’EBE de plus de 30%. En 2023, les montants moyens de subventions s'élevaient à 38.790 € par bénéficiaire, en recul de 7 ,8% sur un an.
Toujours selon la Commission des comptes de l’agriculture de la nation, en 2024, dans un contexte de baisse marquée des volumes produits de céréales, oléagineux et protéagineux et de la production viticole, en raison de conditions météorologiques particulièrement défavorables, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif de la « ferme » France diminuerait de 7,7 % en termes réels en 2024, augurant une nouvelle baisse de la rentabilité des exploitations.
Céréales et oléoprotéagineux : 40.570 € par actif non salarié
En 2023, les confortables disponibilités mondiales et la compétitivité des grains russes pèsent fortement sur les cours céréaliers mondiaux, donnant lieu à des baisses de prix. Au global, pour l’ensemble des exploitations spécialisées en céréales et oléoprotéagineux (COP), la production de l’exercice chute de 21,9%. Combiné avec une hausse des charges en approvisionnement de 15,0%, ce recul de la production se traduit par un fort repli de l’EBE et du RCAI par actif non salarié, lesquels s’établissent à des niveaux moyens respectifs de 40.570 € (-58,8 % par rapport à 2022) et de 11.970 € (-82,7%), parmi les plus faibles enregistrés sur les trente dernières années.
Betterave et pomme de terre : 101.840 € par actif non salarié
Les exploitations spécialisées en pomme de terre et betterave sucrière connaissent des baisses de résultats économiques moins marquées, notamment grâce à des évolutions de prix plus favorables (+15,0% pour les pommes de terre et +5,8% pour les betteraves sucrières). Ainsi, sur l’ensemble du secteur des grandes cultures autres que les COP, la production de l’exercice diminue de 4,6 %, la valeur ajoutée de 17,7% et l’EBE de 19,6%. En 2023, l’EBE rapporté au nombre d’actifs non-salariés atteint 101.840 € en moyenne.
Vigne : 84.140 € par actif non salarié
La valeur de la production de l’exercice 2023 pour l’ensemble des exploitations viticoles est en baisse de 9,0%. La valeur ajoutée moyenne atteint 165.400 €, en recul de 16,3% par rapport à 2022, induisant une chute de 24,9 % de l’EBE et de 32,6% du RCAI. Après le point haut de 2022, l’EBE par actif non salarié des exploitations viticoles recule de 24,8 % en 2023, pour s’établir à 84.140 €, un niveau qui reste encore supérieur de près de 8% à celui de 2021.
Lait : 76.490 € par actif non salarié
Dans le contexte de décapitalisation du cheptel français, les volumes de lait reculent, pénalisés aussi par le déficit herbager dû à la sécheresse, et la valeur de la production de lait de vache se replie de 1,4 %. Ainsi, la production de l’exercice des élevages de bovins lait diminue de 6,3 % en 2023. L’ensemble des indicateurs de résultat des éleveurs laitiers est en recul : -18,8 % pour la valeur ajoutée, -18,7 % pour l’EBE et -31,3 % pour le RCAI. Après un niveau particulièrement élevé en 2022, l’EBE par ETP non salarié s’établit à 76.490 €.
Viande bovine : 45.940 € par actif non salarié
Grâce à une évolution favorable de certains cours, la production de viande bovine ne fléchit que légèrement en valeur (- 0,5%). Au total, les élevages de bovins viande voient leur production de l’exercice (qui intègre d’autres produits que les seules productions animales) légèrement progresser de 0,5%, mais leur EBE baisserde 9,6 % pour aboutir à un EBE moyen par ETP non salarié de 45.940 €.
Porc : 157.750 € par actif non salarié
Dans un contexte de réduction des cheptels français et européens, la baisse de l’offre porcine concourt à une forte augmentation des cours en France (+ 33,4% pour les truies mères, +13,1% pour les porcelets et +7,2 % pour les porcs à l’engrais). Au total, la production de l’exercice est stable (+ 0,1 %). L’arrêt des soutiens liés au plan de sauvegarde et la hausse des charges de personnel induisent une baisse de 10,3% de l’excédent brut moyen. L’EBE par actif non salarié des éleveurs porcins s’établit à 157.750 €, en recul de 9,8 % par rapport au niveau exceptionnel de 2022. Sur un an, les exploitations porcines ont augmenté leur niveau moyen d’investissement de 40,9 %.
Volaille : 93.830 € par actif non salarié
Si l’épizootie d’influenza aviaire continue d’avoir d’impacter les élevages, les quantités de volailles produites sont en nette augmentation sur un an : +32,4% pour les dindes, +20,1% pour les canards gras et +8,6% pour les poulets de chair. Les prix sont également orientés plutôt à la hausse (à l’exception de ceux des pintades et des dindes qui fléchissent respectivement de -11,1% et de -4,8% en 2023). La valeur ajoutée moyenne de ces élevages est en progression (+12,0%). Avec la nette amélioration de la situation sanitaire courant 2023, les aides de crise liées à la grippe aviaire et les indemnités d’assurance perçues ont nettement baissé par rapport au niveau très élevé de 2022 (respectivement de -63,2% et -57,1 -%) : l’EBE recule au final de 12,1%, et l’EBE par ETP non salarié de 10,4% sur un an pour atteindre 93.830 € en 2023, niveau qui reste néanmoins supérieur d’un peu plus de 16% à la moyenne des cinq dernières années.