L’agriculture a réduit ses émissions de GES de 1,6% en 2023, en ligne avec les objectifs

Le Citepa attribue la performance à la baisse du cheptel bovin et des livraisons d’engrais. Le secteur agricole doit suivre une trajectoire de -1%/an pour atteindre ses objectifs de décarbonation à horizon 2030. L’affaiblissement du puits de carbone complique les objectifs assignés à chaque secteur émetteur.

Tous secteurs émetteurs confondus, les émissions de Gaz à effet de serre (GES) sont passées de 396 Mt CO2e en 2022 à 373 Mt CO2e en 2023, soit une baisse de 5,8%, selon le Citepa (Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique), l’organisme en charge de l’inventaire. En valeur absolue, avec -22,8 Mt CO2e, 2023 ressort comme la 4ème année de baisse la plus forte, derrière 2020 (-38,7 Mt CO2e), 2014 (-31,9 Mt), 2011 (-25,1 Mt), ces deux dernières étant caractérisées par des hivers doux et 2020 par la crise du Covid.

Le budget carbone 2019-2023 de la Stratégie national bas carbone 2 (SNBC-2) est ainsi respecté si l’on prend le total hors puits de carbone (400 Mt émis en moyenne contre un budget de 420 Mt), mais il ne l'est pas si l’on prend le total avec puits de carbone (380 Mt émis contre un budget de 379 Mt). Tous les secteurs émetteurs ont réduit leurs émissions, à commencer par l’énergie (-18%), l’industrie (-9%), les bâtiments (-6%) et les transports (-3%).

Cheptels et engrais minéraux

L’agriculture a également fait mieux que respecter son budget carbone, fixé dans la SNBC-2 pour la période 2019-2023 à 77,6 Mt CO2e/an, et s’établissant en 2023 à 76,1 Mt CO2e/an, soit une baisse de 1,6%. Les émissions agricoles de N2O sont en repli de 1,6 % entre 2022 et 2023 avec un recul des apports d’engrais minéraux au sol et d’apports organiques. Les émissions de CH4 s’inscrivent en baisse de 1,6 % notamment en lien avec le recul du cheptel bovin et dans une moindre mesure au recul du cheptel porcin. Les émissions de CO2 du secteur sont en baisse de -1,5%, malgré une hausse des émissions de CO2 liées aux apports en urée. En 2023, le cheptel bovin poursuit son recul, quoique de manière plus ralentie que les années précédentes, que ce soit pour le cheptel de vaches allaitantes (- 1,3 %), ou pour le cheptel de vaches laitières (- 2,1 %), relève le Citepa.

Les livraisons d’engrais s’inscrivent également en net repli en 2023 par rapport à 2023, avec une hausse de la part d’urée. Enfin le nombre de méthaniseurs agricoles a connu en 2023 une très légère augmentation. A horizon 2030, l’agriculture doit atteindre 69 Mt CO2e d’après la SNBC-2 et 68 Mt CO2e d’après les objectifs provisoires annoncés en 2023 en amont de la prochaine SNBC-3, soit une réduction attendue de 1% par an.

Fragilisation du puits de carbone

Seule ombre au tableau, et qui concerne par ricochet l’ensemble des secteurs émetteurs : l’affaiblissement du puits de carbone constitué des terres et des forêt et qui permet de séquestrer du CO2 dans la biomasse et les sols. Estimé à environ -45 Mt CO2 en moyenne dans les années 2000, ce puits s’est considérablement réduit pour atteindre environ -20 Mt CO2 dans les années récentes, notamment en raison de l’effet couplé de sécheresses à répétition depuis 2015, de maladies affectant le taux de mortalité des arbres, et d’une hausse des récoltes de bois. Cette diminution du puits implique un effort encore plus conséquent sur les autres secteurs afin de parvenir à la neutralité carbone, indique le Citepa.