L’agriculture biologique en 2024 : -2% de SAU, +1% de producteurs, +0,8% de consommation

Le taux de SAU bio s’établit à 10,1% contre 10,3% en 2023 mais le nombre net de producteurs augmente de 1% à 61.863 fermes, soit 14,9% des fermes françaises. Le marché de la consommation à domicile progresse de 0,8% à 12,176 Md €, celui du hors domicile de 5,9% mais demeure mineur à 826 M€. La grande distribution passe sous les 50%, tous les autres circuits progressant. Les principaux indicateurs du panorama 2024 de l’Agence bio.

10,1% de SAU bio, 2ème année consécutive de baisse

Le taux de SAU en agriculture biologique s’établit à 10,1% en 2024 (soit 2,7Mha) contre 10,3% en 2023 et 10,5% en 2022, marquant l’abandon de 56.197ha, équivalent à 2% de la SAU bio, alors que la SAU totale s’est rétractée de 0,2% (-49.853ha). Les surfaces certifiées bio représentent 90% du total, à 2,54Mha, en baisse de 1% tandis que les surfaces en conversion, (années C1, C2 ou C3) ont baissé de 8%, hypothéquant au passage le réservoir de croissance du bio. Les effets des fortes baisses d’entrée en C1 (-8% en 2021, -40% en 2022, -10% en 2023, -1% en 2024) se feront sentir encore cette année

Toutes les espèces ou presque en baisse… sauf la coriandre

Les grandes cultures et les cultures fourragères, constituant à elles deux 45% de la SAU bio en 2024 (contre 48% en 2023), sont celles qui perdent le plus d’hectares : -13% pour les céréales (-69.106 ha), -14% pour les oléagineux (-20.249 ha), -4% pour les cultures fourragères (-24 709 ha). Ces pertes ne sont que partiellement compensées par l’augmentation des surfaces toujours en herbe (+77.118 ha, +8%) et la forte hausse en plantes à parfum, aromatiques et médicinales (+9.988 ha, soit +58%), dont la coriandre (+6301 ha, +309%). Cette dernière fut l’objet d’un effet d’aubaine dû à la prime Pac de 900€/ha allouée aux PPAM non mécanisables. Selon l’Agence Bio, en 2024, la coriandre n’a pas été ni récoltée, ni commercialisée dans la plupart des cas tandis que les autorités ont mis le holà. Les surfaces de fruits bio se stabilisent à 66.386ha (+0,3%) après une baisse entre 2022 et 2023 (-1,6%) tandis que les surfaces de légumes frais bio ont abandonné 8% à 40.999 ha.

La vigne en baisse pour la première fois

Pour la première fois dans l’histoire de la bio, les surfaces certifiées AB ont baissé de 4% pour s’établir à 181.314ha, tandis que l’ensemble du vignoble a diminué de 2%. Le taux de vignes bio passe ainsi de 22% à 21%. Les conversions ont fortement chuté en 2023 et 2024, hypothéquant le réservoir de croissance des surfaces de vignes bio. Après une année 2023 marquée par un déficit de demande par rapport à une offre particulièrement abondante, l’année 2024 s’avère plus tempérée : les difficiles conditions météorologiques ont produit des rendements plus faibles, tandis que la filière s’était préparée à l’inadéquation offre / demande. En conséquence, le déclassement a baissé de 21% par rapport à 2024 à 740.000 hl. Les ventes de vins bio en direct, chez les cavistes et, dans une moindre mesure, en magasins bio, sont en hausse. La contribution de la grande distribution aux ventes de vins bio continue de diminuer : 14% de parts de marché de vin bio en 2024, contre 22% en 2019.

Tous les cheptels bio en recul, brebis laitières mises à part

Si le nombre d’éleveurs en bio est en légère augmentation (+0,3%), la part du bio dans le cheptel français est en décroissance généralisée pour la deuxième année consécutive, en dehors des brebis laitières (1,7%). Les plus fortes baisses affectent les poulets de chair (-13%), les porcs (-10,2%), les truies (-6%), les vaches laitières (-2,9%), les poules pondeuses (-2,8%), les chèvres (-2,7%), les vaches allaitantes (-0,9%), les brebis viandes (-0,6%).

Mais toujours plus de producteurs bio

Malgré la baisse de SAU, le nombre de producteurs a progressé de 1% en 2024 (contre +2,0% en 2023), avec 4431 entrants contre 3726 sortants, sachant que le nombre de producteurs total en France (bio + non bio) a diminué en moyenne de 2% par an entre 2010 et 2020 quand il progresse de 1% en bio. Le solde se réduit chaque année depuis 2020, confirmant la faible dynamique de conversion. Parmi les arrêts de certification enregistrés en 2023, on sait que 55% concernaient des retours en conventionnel, et un tiers (33%), des arrêts totaux d’activité (départs en retraite, mais aussi des liquidations ou des changements administratifs de l’exploitation). En 2024, on comptait 61.853 fermes engagées, tout ou partie, en bio soit 14,9% des fermes françaises.

Et moins d’acteurs dans l’aval

Le nombre d'entreprises de l’aval bio (transformateurs, distributeurs…) certifiées pour une activité bio a baissé de 4,5% en 2024 pour s’établir à 25.105.  Si le nombre de stockeurs augmente (+13%), les artisans commerçants baissent de -6%, les restaurateurs traiteurs de -6% également et les entreprises de transformation de -4%. Les secteurs d’activité principalement touchés sont les commerces de détail (-24%), les boissons (-18%) et les boulangeries-pâtisseries (-14%).

5,7% de bio dans l’assiette

En 2024, les dépenses alimentaires des ménages français ont augmenté de 0,6% après deux années de baisse. L’évolution de l’indice des prix de l’alimentation globale a été de 1,3% (hors boissons alcoolisées) contre +1,9% dans le secteur alimentaire biologique, soit 0,6 point de plus. Le marché de la consommation à domicile des produits biologiques s’élève à 12,176 Mds €, soit une croissance de 0,8% par rapport à 2023 (inflation comprise). La part des dépenses alimentaires allouées au bio s’établit à 5,7 % (contre 5,6% en 2023 et 6,4% en 2021). En Europe, la Suisse (12,3%) et le Danemark (11,6%) se démarquent. La Suède (6,7%) et l’Allemagne (6,5%) devancent la France qui devance l’Italie (3,6%) et l’Espagne (3,2%). Le Royaume-Uni est à 2%, les Etats-Unis à 6%.

La restauration hors domicile toujours à la diète

En 2024, la restauration hors domicile (restauration collective, restauration commerciale) a généré un chiffre d’affaires 826 millions d’euros, en hausse de 5,9%. Elle assure 8% des débouchés de l’AB contre 92% pour la restauration à domicile, un ratio qui n’évolue guère au fil des ans et qui ménage un réservoir de croissance à la bio, la restauration hors domicile représentant 20% de la consommation alimentaire des Français. En 2023, la bio représentait 6% des achats de la restauration collective et 1% de ceux de la restauration commerciale.

La grande distribution sous les 50%

Les ventes des produits bio ont progressé en valeur dans l’ensemble des circuits, à l’exception de la grande distribution qui voit ses ventes de bio reculer pour la 4ème année consécutive. Cette baisse est encore accentuée par rapport à l’année précédente (-5,1%, contre -3,8% entre 2022 et 2023). La part des grandes et moyennes surfaces dans le marché bio français passe ainsi sous la barre des 50% pour la première fois depuis 2017 et représente désormais 47,7% des ventes de bio. La baisse du chiffre d’affaires en grande distribution est à mettre en parallèle avec la réduction du nombre de références (-22% entre 2022 et 2024) et la progression des produits sous marque de distributeur, dont les prix moyens sont généralement plus faibles que ceux des produits sous marque nationale. Les magasins spécialisés assurent 29% des ventes (+6,5%), la vente directe 13,5% (+7,4%) et les artisans / commerçants 9,8% (+6,9%).  45% de l’ensemble des fermes bio pratiquent la vente directe contre 25% en moyenne bio et conventionnel confondus. L’effectif a augmenté de 20% depuis 2020.

Du bio made in France à 84%

Comme en 2023, le taux d’importation de produits bio s’établit à 29% (contre 30% en 2022, 32% en 2021). En excluant les produits tropicaux (fruits, café, thé, cacao, crevettes...), 84% du bio consommé en France est produit en France. En 2024, les importations de produits bio ont augmenté de 0,1% par rapport à 2023, à 46% en provenance de l’UE. La valeur des exportations bio a progressé de 10%, à 1,164 milliard d’euros.