Il y a les dizaines de milliers de mètres carrés de la Porte de Versailles, en proie à un (grand) vide sanitaire. Il y a les hectares au grand air où, faute de Salon de l’agriculture, la Confédération paysanne organise un peu partout en France le « salon à la ferme ». Il y a le petit mètre carré de la mire télévisuelle où, depuis une semaine, l’agriculture s’incruste à travers de nombreux sujets, dont le vibrant « Nous paysans », en attendant « La ferme préférée des Français » du monument historique Stéphane Bern (mercredi 3 mars à 21h05 sur France3). Et puis il y a les quatre mètres carrés confinés de la cabine du Valtra G135 Versu, au volant duquel Thierry Baillet et Jean-Baptiste Vervy vont se relayer, pour aller à la rencontre des Français.

Le premier « nourrit » 83 000 abonnés avec sa chaîne Youtube « Thierry agriculteur d’aujourd’hui (il produit aussi des pommes de terre et des carottes dans le Pas-de-Calais). Le second est aussi agriculteur, dans la Marne, et nourrit également indirectement les Français en tant que fondateur de WiziFarm, le « Meetic » de l’emploi agricole, qui s’est fait connaître l’an passé avec l’opération « des bras pour ton assiette », et qui va remettre le couvert cette année.

36 000 façons de communiquer

Le CoFarming Tour a démarré le 27 février à Paris et va conduire cette semaine les deux agriculteurs et leur équipe sur les terres bretonnes après avoir fait un crochet par le Loiret. Ils reprendront le volant en juin dans les Hauts-de-France et le Grand Est puis à l’automne en Rhône-Alpes-Auvergne avant d’achever leur tour dans le Sud-Ouest en fin d’année. Tour de France oblige, ils sont accompagnés d’une caravane constituée des 18 start-up de l’association #CoFarming et diffusent chaque soir leur journal du tour, une émission d’environ 30 minutes. Sans casquette Cochonou mais pas sans vitamines. « Un des objectifs du tour, c’est d’aller à la rencontre des agriculteurs et de montrer, par l’exemple, leurs capacités d’innovation et d’adaptation, déclare Jean-Baptiste Vervy. On veut témoigner aux Français du fait que les modèles agricoles évoluent en permanence et que les agriculteurs avancent ».

« Il y a 36 000 façons d’adresser des messages au grand public, abonde Thierry Bailliet. Il y a les réseaux sociaux bien sûr mais encore faut-il s’y sentir à l’aise. Postez quelques photos, ouvrir sa ferme, intervenir dans l’école de ses enfants ou tout simplement discuter pendant une heure avec un voisin de tablée, tout est bon. Peu importe les moyens et le nombre d’interlocuteurs, chaque action compte pour faire évoluer la perception de l’agriculture par le grand public ».

« Cette culture de l’image au quotidien, par de petits gestes, est très importante pour renforcer le capital de sympathie de son métier, renchérit Jean-Baptiste Vervy. C’est d’autant plus nécessaire lorsque que l’on est employeur de main d’œuvre. L’image que l’on renvoie est très importante pour séduire et attirer des salariés ».

Démocratiser l’innovation

Sur les différentes étapes de son tour de France, la caravane du #CoFarming ira à la rencontre du grand public, des élus locaux et des associations. Elle sera aussi l’occasion pour Thierry Bailliet, de faire la promotion de son ouvrage « Dans les bottes de ceux qui nous nourrissent » paru en décembre 2020, aux mêmes accents pédagogiques que ses vidéos. Le livre vient de passer le cap des 5 000 ventes.

De leur côté, les 18 start-up de la caravane feront aussi dans la pédagogie, mais en direction des agriculteurs, toutes soucieuses de montrer que l’innovation est accessible au plus grand nombre. « Les start-up du #CoFarming ont un tronc commun : aider les exploitations à gagner en en compétitivité, notamment grâce au travail collaboratif », conclut Jean-Baptiste Vervy. Avec sa casquette WiziFarm.