SIA 2025 : "l'agriculture, une fierté française", un thème respecté ou un slogan noyé par la loi d'orientation agricole ?

[Edito] Une semaine après sa clôture, le Salon International de l'Agriculture 2025 laisse derrière lui un bilan positif malgré quelques accrocs. Avec 607 503 visiteurs, en hausse par rapport à l’année dernière, l'événement a maintenu son attractivité, mais il est clair que les tensions et les enjeux non résolus continuent de peser sur le monde agricole.

L'atmosphère plus sereine de cette édition qui avait pour thème "l'agriculture, une fierté française", est indéniable. La charte encadrant les visites politiques a contribué à fluidifier les parcours et à éviter les blocages d'allées. Ca n'a pas empêché cependant que certains politiciens fassent fi des consignes, à l’instar de Jordan Bardella et de l'ex-premier ministre, Michel Barnier. Le premier, président du RN, avait annoncé la couleur bien avant l’ouverture, et n'a eu aucun rappel à l'ordre. 

88 personnalités politiques se sont rendues au Salon, en général pour s’y faire voir et pour aller à la rencontre du monde agricole et ses difficultés du moment. Avec sans doute aussi en tête les élections municipales de 2026 et l'élection  présidentielle en 2027 ! Cependant, ce mode opératoire pourrait être modifié dans les prochaines éditions présidées par Jérôme Despey, qui souhaite rendre au Salon sa fonction principale : un espace dédié au monde agricole et à l'échange, non un espace politique et stratégique. 

Des incidents maîtrisés, mais des tensions latentes

Bien que les violences de 2024 n'aient pas été réitérées, l'édition 2025 n'a pas été exempte d'incidents. L'altercation entre la Coordination Rurale et la FNSEA dans le hall 4 s’est inscrite dans un contexte de tensions entre les syndicats agricoles, notamment après la percée historique de la CR lors des élections aux Chambres d’agriculture. La présence massive des forces de sécurité a permis de contenir les débordements et de permettre aux éleveurs et aux visiteurs de poursuivre leur Salon dans le calme. Mais le renforcement du système de sécurité souligne également la fragilité du climat social.

La loi agricole : un pas en avant, mais des critiques persistantes

Le gouvernement a brandi l'adoption de la loi d’orientation agricole comme preuve de son engagement. Cependant, cette loi a suscité des réactions mitigées. Si certaines mesures ont été saluées, les critiques des écologistes et de la filière bio sont vives. Ils dénoncent des "reculs environnementaux sans précédent" et un texte qui ne répond pas suffisamment aux enjeux agroécologiques. A tel point que le sujet a occupé la majeure partie des débats pendant le Salon, parfois au détriment des éleveurs. 

Une fierté française à l'épreuve des réalités

Est-ce que le thème “l’agriculture, cette fierté française” a bien été suivi et respecté ? Oui. Preuve en est la hausse du nombre de visiteurs, encore plus curieux de découvrir l’agriculture, ses méthodes, son cheptel, ses produits du terroir qui en font la renommée partout dans le monde. Les 850 médailles d’or décernées pour les produits et 3 361 pour les vins, ainsi que 924 récompenses pour les animaux lors du Concours Général Agricole, témoignent de l’excellence du secteur. Parallèlement, le SIA’PRO et le hackathon ont également mis en avant des technologies au service de notre agriculture : faciliter le travail et aider les agriculteurs à prendre sereinement le virage de la transition écologique.
En définitive, ce Salon de l’agriculture a été un souffle d’air frais bienvenu au cours de cette année si difficile pour le secteur. On est fiers de nos agris, mais il reste à transformer cette fierté en résultats tangibles pour relever les défis du secteur.