La Ferme Digitale met l'accent sur le financement pour une IA Accessible à Tous les agriculteurs

Acteur majeur au Salon International de l’Agriculture, la Ferme digitale célèbre sa 9ème édition. Au départ, elle comptait 5 start-up, elle rassemble aujourd’hui 44 innovantes au Hall 4 animant un programme de 80 conférences. L’association se donne pour objectif de “promouvoir l’innovation et le numérique pour une agriculture performante, durable et citoyenne” guidée par un crédo : l’innovation, la transparence et le pragmatisme. La Ferme Digitale couvre un large éventail d’activités, allant de la donnée, au carbone ou encore  en passant par les biosolutions. 

La biosolution et l'intelligence artificielle, moteurs de l'innovation agricole 

Les créations d’entreprise se concentrent désormais massivement autour de ces deux domaines porteurs. “Après les plateformes, les capteurs, les données satellites et le carbone, l’heure est aux biosolutions, des alternatives aux produits phytosanitaires, associées à l’intelligence artificielle” constate Justine Lipuma. L'IA est déjà discrètement intégrée à de nombreuses applications et service. Pour l’ensemble des acteurs de la Ferme digitale, cette technologie permet “d'accélérer la capacité des innovateurs en biosolutions, à trouver des solutions pour la résistance au stress hydrique. Surtout, elle améliore considérablement la prise de décision pour les agriculteurs (...) c’est pouvoir fournir aux agriculteurs, en leur fournissant des outils plus intelligents sur leur téléphone pour gagner du temps”, précise Justine Lipuma. S'il existe aujourd'hui des sociétés connues du grand public : Mistral, ChatGPT, mais aussi l’algorithme de Google par exemple, leurs fonctionnalités ne sont pas toujours adaptées au monde agricole. “Notre ambition est d’offrir une intelligence artificielle basée sur des données locales, issues des laboratoires et même de la propre ferme de l'agriculteur”, ajoute David Joulin. 

Investissements privés : un besoin crucial 

L’écosystème Agritech français a levé 315 millions d’euros cette année. Cependanr, pour assurer la pérennité des entreprises, de la recherche, et accélérer la mise sur le marché des solutions innovantes, le financement des investisseurs privés reste insuffisant. 
Selon David Joulin, “les investisseurs sont toujours présents, mais ils se focalisent sur des entreprises déjà reconnues et non sur celles en devenir”. Jérôme le Roy constate une régression des levées de fonds sur l'amorçage. “Si nous ne sommes pas là pour accompagner et financer une entreprise dans ses cinq premières années, il sera difficile d'exploiter ses capacités à l’expérimentation et son déploiement au sein du marché”.
La Ferme Digitale a donc fait appel à la profession agricole, à la BPI, à Aide France 2030, aux investissements directs et aux fonds d’investissement spécialisés en Agritech , afin de lever davantage de fonds l’année prochaine. Bruno Bonnel secrétaire général pour l’investissement à la Ferme digitale comprend la frilosité des investisseurs car “ils essayent d’avoir des résultats à très court terme, or dans le monde agricole, le résultat prend forcément plusieurs cycles et donc plusieurs années. C'est pourtant un enjeu majeur : l’assiette des Français évolue tous les jours et les exigences de qualité sont de plus en plus importantes". En somme, c'est aussi répondre aux enjeux de la souveraineté alimentaire. 

Les objectifs de la Ferme digitale 

Jérôme Le Roy rappelle l'ambition de la Ferme Digitale : "Aujourd'hui, nos études montrent qu'environ la moitié des agriculteurs français utilisent au moins une des solutions de la Ferme Digitale. Notre objectif est que 100% des agriculteurs français utilisent en routine, d'ici dix ans, cinq solutions éditées par des acteurs de la Ferme Digitale. C'est vraiment notre motivation, sans oublier que notre enjeu in fine est d'offrir des innovations fiables, économiquement viables et facilement utilisables, qui puissent être concrètement mises dans les mains des agriculteurs, pour leur permettre de répondre aux défis de l'agriculture, aux défis de la productivité et d'adaptation au changement climatique. Permettre une agriculture plus durable, plus productive et citoyenne."