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Le nouveau Nutri-Score est (enfin) arrivé
Les industriels (volontaires) ont deux ans pour imprimer les nouvelles étiquettes rétrogradant la note de certains produits, tandis que le gouvernement va veiller à ce que l’étiquetage ne nuise pas à certains produits de notre patrimoine agricole et culinaire, du fait du calcul nutritionnel sur une portion de 100g ou 100ml et non sur la dose recommandée.
Avec un peu plus d’un an de retard sur le calendrier initial et sur les six autres pays européens l’ayant adopté (Allemagne, Belgique, Espagne, Luxembourg, Pays-Bas, et Suisse), le nouvel algorithme du Nutri-Score est désormais opérationnel, à la faveur d’un arrêté signé par pas moins de trois ministres, à savoir Annie Genevard pour l’Agriculture, Eric Lombard pour l’Economie et Yannick Neuder pour la Santé. La ministre de l’Agriculture avait tardé à prendre son stylo, réticente à l’idée de pénaliser des « produits remarquables » tels que le Roquefort ou le Comté ou encore de « magnifiques salaisons françaises », tous marqués au fer rouge et la plus mauvaise note (« E ») par l’étiquetage nutritionnel.
Ces produits sont en effet notés défavorablement par l’algorithme du Nutri-Score calculé à partir d’une quantité de 100g ou 100 ml de produits, « bien qu'ils offrent des bienfaits nutritionnels reconnus lorsqu'ils sont consommés selon les repères nutritionnels et ceci dans le cadre d’une alimentation variée équilibrée », indique le communiqué du gouvernement, qui précise que « les ministres seront attentifs à ce que ce système fondé sur le volontariat qui a pour but d'informer les consommateurs, ne nuise pas aux produits issus de la richesse de nos terroirs et symboles de notre patrimoine culinaire ».
Le gouvernement annonce par ailleurs le déploiement, à compter de juin 2025, des campagnes de communication sous l’égide de Santé Publique France « pour compléter l’information des consommateurs » et « souligner les bienfaits des produits laitiers au sein d’une alimentation équilibrée ». La France va également s’activer au niveau européen « pour voir comment mieux prendre en compte les effets de bord induits par le nouvel algorithme, « afin de renforcer l’efficacité du dispositif ». La Commission européenne, décisionnaire en matière d'information obligatoire aux consommateurs, a réitéré récemment « continuer à travailler » sur une solution consensuelle d'étiquetage nutritionnel qui ne soit pas le Nutri-Score, auquel sont opposés de grands industriels, certains secteurs agricoles et le gouvernement italien.
Des produits rétrogradés
Selon les autorités, les évolutions prévues par cet arrêté permettent notamment d’améliorer la différenciation entre les aliments selon leur teneur en sel et sucres et celle entre les aliments complets riches en fibres et leurs alternatives raffinées. Elles améliorent en outre la classification des poissons gras (sources d’oméga 3) et des huiles moins riches en acides gras saturés ainsi que la différenciation entre les boissons selon leur teneur en sucres tout en prenant en compte la présence d’édulcorants pour limiter leur usage en substitution du sucre. Les boissons lactées et celles contenant des édulcorants voient ainsi leur notre dégradée d’un ou deux crans selon les cas, non sans heurter certains industriels qui ont réagi en effaçant le Nutri-Score de certaines de leurs références.
Conçu par le professeur de nutrition Serge Hercberg et instauré en France depuis 2017, le Nutri-Score relève d’une démarche volontaire. Elle est mise en œuvre par plus de 1000 entreprises et concerne plus d’un produit sur deux en rayon.