Transition alimentaire : en attendant l’étiquetage neutre des sodas américains taxés à 200%

[Edito] Alors que la Stratégie nationale de l’alimentation, de la nutrition et du climat pourrait faire la portion moins belle à la viande et au marketing pro-malbouffe, les initiatives publiques et privées se multiplient pour conscientiser les consommateurs aux enjeux de santé et de durabilité inhérents à l’alimentation.

« Aimez la viande, mangez-en mieux » : tel est, depuis 2019, le message porté par Interbev. Objectif : inciter nos concitoyens à manger la juste quantité d’une viande de qualité, pour avoir un impact positif sur le terroir et sur la santé, dans une double logique de responsabilité sociétale et de durabilité des systèmes. Les résultats du 3ème baromètre de la consommation de viande, réalisé par le Réseau action climat (RAC), donnent du gras à la démarche de l’interprofession du bétail et des viandes. 1 Français sur 2 affirme avoir réduit sa consommation au cours des trois dernières années tandis que 1 sur 3 l’envisage dans les années à venir. Mieux : 3 sur 4 y seraient enclins s’ils avaient la garantie que leur effort profite aux éleveurs français, aux pratiques durables et mieux rémunérées, au détriment des importations.

Trop-plein de gras, de sucre et de sel à pas cher

Pour démontrer la fringale de transition alimentaire de nos concitoyens, on pourrait aussi convoquer la dernière livraison de l'observatoire Gamm vert de l'autoproduction alimentaire, pratiquée par 7 Français sur 10. Que dit-il ? Leur première motivation à autoproduire leurs fruits, légumes, plantes aromatiques et autres œufs est de manger des aliments bruts, frais et sains. Autrement dit, de consommer mieux, et de cultiver une forme d’indépendance vis-à-vis de l’environnement alimentaire et son trop-plein de gras, de sucre et de sel à pas cher. Il faut toutefois se montrer prudent avec les sondages, dont les réponses peuvent être téléguidées par les questions et les motivations de leurs commanditaires : accréditer le slogan « l’autoproduction, c’est l’avenir » côté Gamm vert, manger moins de viande en vue de réduire l’empreinte climatique pour le Réseau action climat. Dans les deux cas, il s’avère que la motivation pécuniaire est également forte. Et s’agissant de la viande, dans la vraie vie, la consommation s’allège très modérément et outrepasse toujours largement les recommandations du Programme national nutrition santé, en dépit de certains bienfaits des régimes végétariens.

Des logos à satiété

Une chose est sûre : les initiatives publiques et privées se multiplient pour achever de conscientiser les consommateurs aux enjeux de santé et de durabilité inhérents à l’alimentation, qui représente 22% de notre empreinte carbone. Le Nutri-Score à l’algorithme revisité et le nouveau logo Origin’Info s’apprêtent ainsi à débarquer dans les rayons, en attendant le « rémunérascore », qui entre dans une phase d’expérimentation. Santé, environnement, bien-être animal, modes de production, rémunération équitable… : tout est désormais « logotypé ». Prochaine étape : la publication de la Stratégie nationale de l’alimentation, de la nutrition et du climat (Snanc) censée réaliser l’accord mets-santé-climat et qui pourrait faire la portion moins belle à la viande et au marketing pro-gras et pro-sucre. De là à ce que la Snanc accouche d’un étiquetage neutre, à l’image du tabac qui a fait tomber de sa selle le célèbre cow-boy américain, appliqué à des sodas non moins américains taxés à 200%...