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Mercredi 26/11/2025

Les ventes de phytos en 2024, une inflexion « historique » selon Phyteis

Les volumes de vente de produits conventionnels ont baissé de 5% tandis que ceux de produits Utilisables en agriculture biologique (UAB) ont augmenté de 23%. Les fabricants prônent une massification des stratégies combinatoires dans les cours de ferme et attendent des pouvoirs publics qu’ils « libèrent » l’innovation pour accélérer la transition.

« Une inflexion historique » : c’est ainsi que Phyteis, l’organisation représentative des fabricants de produits phytosanitaires en France, qualifie l’année phytosanitaire 2024. « Alors que, jusqu’ici, les ventes de substances actives conventionnelles et celles utilisables en agriculture biologique suivaient des dynamiques similaires, 2024 marque une rupture, indique Phyteis dans un communiqué. Pour la première fois, leurs trajectoires divergent. Les ventes en volumes de substances actives conventionnelles reculent de 5%, tandis que celles des produits utilisables en agriculture biologique progressent de 23% par rapport à 2023 ».

Toutes substances confondues, les volumes de substances actives commercialisés en 2024 s’établissent à 50.000 tonnes, « un plancher historique », relèvent les fabricants qui indiquent que les objectifs d’Ecophyto sont quasiment atteints : entre 2008 et 2024 s’agissant des produits conventionnels, avec une baisse de -44% contre -12% pour les produits utilisables en agriculture biologique. Au global, la baisse atteint -36%.

Stratégies combinatoires

Selon Phyteis, la trajectoire de baisse s’explique par la montée en puissance des solutions combinatoires associant, outre les produits conventionnels et biosolutions, l’agronomie, les biotechs et le digital. Et de citer les Outils d’agronomie digitale (OAD) combinant données météorologiques, historiques de culture, analyses de sols et modèles de prévision, permettent aux agriculteurs de piloter leurs interventions de manière plus fine et plus efficace et in fine de réduire l’empreinte des pratiques agricoles sur l’environnement, de sécuriser les rendements et de renforcer la résilience des systèmes agricoles face aux aléas climatiques. « Un travail de fond sur le transfert des savoirs liés aux bonnes pratiques agricoles et à l’usage du modèle combinatoire au niveau du terrain devrait être encore accentué par l’ensemble des acteurs du marché » préconisent les fabricants.

« Libérer l’innovation pour accélérer la transition »

Afin de poursuivre la transformation et la montée en puissance des solutions combinatoires, Phyteis en appelle aux pouvoirs publics et à « une réglementation agile, prédictive et évolutive, capable d’intégrer les meilleures innovations scientifiques et technologiques au service de la durabilité agricole ». Phyteis réclame notamment une fluidification des procédures (reconnaissance mutuelle, renouvellement des substances, fixation des limites maximales de résidus…), l’adoption au niveau européen d’une définition harmonisée des produits de biocontrôle capable de prendre en compte les produits actuels mais également les solutions de demain, la mise en place d’une évaluation des risques proportionnée, prédictible et adaptée aux propriétés des produits, notamment ceux issus du biocontrôle. Les fabricants demandent également à réinstaurer la possibilité d’autorisations provisoires de vente, prévue par le règlement (CE) n°1107/2009, pour accélérer la mise sur le marché des innovations. Ils souhaitent aussi que soit revue la conception des documents guides d’évaluation des risques, afin qu’ils soient testés en conditions pratiques avant leur adoption et accompagnés d’une période transitoire « réaliste » de mise en œuvre. « Bâtir une agriculture française à la fois durable, compétitive et souveraine est un travail collectif, déclare Yves Picquet, président de Phyteis. Il nécessite un cadre réglementaire qui soutienne la coopération et l’innovation plutôt que de les freiner. C’est cette ambition partagée que nous portons chaque jour avec nos adhérents ».