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Vendredi 31/10/2025
Pour BASF, la transition agroécologique, un défi davantage collectif et inclusif que technique
Si l’innovation demeure le cœur battant de la firme agrochimique, BASF estime que la coopération tout au long de la chaine de valeur, décideurs et consommateurs inclus, demeure la clé de voûte de la transformation des systèmes agricole et alimentaire.
« On a les moyens, on a les outils pour changer les modèles et rendre nos modèles durables, mais il fait que tout ceci soit intégré dans une approche systémique de la chaine de valeur globale, et intégré aussi au niveau de l’ensemble des décideurs. On ne peut pas simplement interdire ou limiter, il faut intégrer l’ensemble de ces actions dans une vision durable de l’alimentation, plus que de la production, pour demain ». C’est ce qu’a déclaré Jean-Jacques Pons, directeur général BASF France Division Agro, à l’occasion de la conférence de presse annuelle de l’entreprise le 23 octobre dernier.
Chaque année, la firme délivre un point d’étape de l’avancée de sa « feuille de route agroécologique », décrétée en 2019, et qui vise notamment, d’ici à 2030, à enregistrer une croissance annuelle de 7% des solutions durables, à déployer les outils digitaux sur 400 millions d’ha à travers le monde, à atteindre 10% de mesures favorables à la biodiversité au sein d’une exploitation ou d’un bassin versant, à enregistrer « zéro incident » dans l’usage de ses produits et enfin à réduire de 30% les émissions de CO2 par tonne de récolte.
A l’heure où les voltefaces géopolitiques et les rétropédalages environnementaux trahissent des politiques publiques toujours plus versatiles, la stratégie de BASF a le mérite de la constance, laquelle pourrait même passer pour de l’obsession quand on sait que le terme « agroécologie » a été effacé du Code rural en mars dernier avec la promulgation de la loi d'orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture et que la Stratégie nationale pour l’alimentation la nutrition et le climat (SNANC), attendue pour juillet 2023, ne suscite pas vraiment de fringale inextinguible.
Ce qui n’empêche pas le chimiste BASF de mettre un pied dans le plat des Françaises et des Français. « Qu’est-ce qu’on veut donner à manger à nos enfants demain », s’est interrogé Jean-Jacques Pons, évoquant la « disparition de la souveraineté alimentaire de la France », en référence aux 50% de fruits, légumes et volailles importés, sans compter les protéines. « En France, on peut produire toutes les cultures », a-t-il rappelé tout en évoquant les « distorsions de concurrence » au niveau mondial et « assez importantes en Europe (…) On est dans une situation économique compliquée pour les agriculteurs, et assurer la transition du modèle ne peut pas reposer uniquement sur les épaules des agriculteurs ».
Approche partenariale
De son côté, BASF, tout en consacrant 9% de son chiffre d’affaires agrochimique mondial en investissements dans la R&D, n’entend pas davantage la jouer en solo. La firme s’appuie toujours plus la coopération avec les acteurs institutionnels, scientifiques, techniques et académiques de l’écosystème agricole en vue d’accélérer les transitions et leur appropriation par les agriculteurs. De 22 partenaires externes en 2022, le chiffre est monté à 36 en 2025, dans les domaines du biocontrôle (Alliance Biocontrôle, ABBA, Terres Inovia, chaire B4B), du climat (I4CE, FoodPilot, Terrasolis....), de la biodiversité (Flor’Insectes) ou encore des itinéraires agroécologiques (chaire Innov’Arbo, Fermes Practice grandes cultures et vigne, AgroParteners, ENSAIA…). Dernier-né : Eco Agri Lab, créé en mars dernier. « Le projet consiste à rassembler des industriels, des chercheurs, des instituts techniques et des agriculteurs, des banques et assurances, des coopératives et des négociants afin de faire émerger et de développer des projets concrets qui allient à la fois la performance économique et les enjeux agroécologiques » explique Lucie Meyer, directrice innovation, durabilité et réputation chez BASF France Division Agro. « Le succès de la transition ne se fera que si on a un réseau de partenaires importants, que si l’ensemble de la chaine de valeur intègre la transition, de façon à ne pas laisser soit l’agriculteur soit le consommateur payer le prix de la transition sinon ça ne marche pas », enfonce Jean-Jacques Pons.
Anti-graminées et insecticide betterave dans les tuyaux
En ce qui concerne les solutions maison pratico-pratiques susceptibles d’arriver prochainement sur le marché, la firme a notamment évoqué l’herbicide Luximo et l’insecticide Axalion. « Luximo est une matière active antigraminées notamment efficace sur vulpin et ray-grass et qui sera vendue avec d’autres matières actives comme le picolinafen pour lui conférer un spectre large, a annoncé Yves Magadur, directeur marketing chez BASF France Division Agro. BASF, qui est en attente de l’enregistrement de la matière active au niveau européen, pourrait, à défaut d’une homologation pour 2026-2027, solliciter une dérogation, l’herbicide entamant sa troisième campagne en Angleterre. « Il y a une forte attente sur ce marché-là compte tenu de la disparition du flufénacet et des restrictions sur d’autres matières actives », a précisé Yves Magadur.
BASF pourrait également user de la voie dérogatoire à propos de l’insecticide Axalion, efficace contre les insectes piqueurs-suceurs des betteraves sucrières et des vergers. « Il est possible que sur le printemps 2026 on puisse apporter des solutions aux betteraviers, aux arboriculteurs qui sont vraiment en attente de solutions » a laissé entendre Yves Magadur.
Selon des projections à 2035, le portefeuille de produits conventionnels de BASF sur le périmètre Europe, Moyen-orient et Afrique devrait se stabiliser au niveau actuel, sous l’effet de l’arrivée de nouvelles substances et du retrait et/ou de la concurrence des génériques. La croissance sera alimentée par les biosolutions, les semences (notamment les blés hybrides à horizon 2030), le digital ou encore la décarbonation (inhibiteurs d’uréase). La firme relève que le marché de la protection des plantes connaît une « baisse structurelle » en France, avec une baisse annoncée de 1,2% en 2025, succédant à une baisse de 4,5% l’an passé. BASF revendique la seconde place sur le marché français avec une part de marché orientée à la hausse, à 18,5% des ventes de produits conventionnels et de biocontrôle.