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Pac : le Modef cible les petites exploitations et les jeunes
Le syndicat plaide pour un paiement redistributif à 20%, une aide forfaitaire de 5000 € pour les fermes de moins de 20 ha et pour une aide couplée aux producteurs de fruits et légumes sur moins de 3 ha. Une façon de soutenir la relocalisation et l’installation.
« Dans les cinq ans à venir, 270.000 exploitants vont partir à la retraite. Notre objectif est d’en installer le même nombre, voire plus ». A l’occasion d’une conférence de presse, Pierre Thomas, président du Modef, s’est fait l’avocat des petites exploitations, arguments à l’appui. « Le système productiviste est si efficace que l’on est de moins en moins autonome au plan alimentaire. Ce système est un échec. La solution, c’est l’installation sur de petites exploitations, dont la productivité très importante, et qui répondent aux attentes du "consommer mieux" et du consommer local ».
Outre le doublement de l’allocation du budget du premier pilier de la Pac aux jeunes agriculteurs (4% contre 2% actuellement), le Modef souhaite instaurer une aide forfaitaire annuelle de 5000 euros ciblant les exploitations de moins de 20 ha, qui selon le syndicat aurait un effet de levier sur l’installation. Dans le même esprit, le syndicat demande une aide couplée pour les producteurs de fruits et légumes produisant sur une surface comprise entre 0,5 ha et 3 ha, rappelant au passage que la France importe la moitié de ses besoins dans ce secteur. Le syndicat réclame aussi la réactivation d’une aide couplée pour les mélanges de légumineuses que la programmation actuelle de la Pac a abandonnée.
Paiement redistributif et plafonnement
Toujours dans le registre des aides couplées, mais sur la partie animale, le Modef réclame une aide de 200 euros par vache pour les 50 premières vaches et 90 euros pour les 50 suivantes. « Sur le dossier des aides couplées, on a le sentiment d’être entendu, déclare Pierre Thomas. Il faut reconnaître que le système en cours n’a pas répondu aux attentes en poussant la production de broutards exportés puis réimportés. Mais encore faudra-t-il relancer l’abattage et la transformation au niveau local ».
Le Modef demande par ailleurs le passage du paiement redistributif de 10% à 20%, sans toucher aux 52 ha, ce qui équivaudrait, à titre d'exemple, à un surplus de 9 €/ha dans un département comme la Corrèze et 7 €/ha dans le Puy-de-Dôme.
En ce qui concerne les éco-régimes, le Modef souhaite y voir allouer 30% du budget du 1er pilier, un mécanisme où l’agriculture bio aurait toute sa place mais où serait bannie la certification HVE, un « artifice où l’on continuerait de faire ce que l’on fait aujourd’hui, alors qu’il faut évoluer pour répondre aux enjeux sociétaux », milite Pierre Thomas.
Sans illusion sur « Egalim 2 »
Le syndicat a par ailleurs évoqué quelques sujets d’actualité. Concernant le projet de loi « Egalim 2 », qui doit être présenté à l’Assemblée nationale au mois de juin, le Modef ne se fait guère d’illusion. « Cette loi n’aura pas plus d’effet que la première sur le revenu des agriculteurs, prédit Sophie Bezeau, directrice du Modef. Tant que l’on n’instaurera pas des prix garantis par l’État et un coefficient multiplicateur sur l’ensemble de la chaine alimentaire, la loi sera vouée à l’échec ». Au sortir d’une réunion ministérielle consacrée à ce projet de loi, le Modef a appris d’une association de consommateurs que le relèvement du seuil de revente à perte avait généré un profit de 800 millions d’euros pour la grande distribution. « Une véritable honte à l’heure où la plupart des agriculteurs ne dégage pas de revenu », s’indigne Sophie Bezeau.
En ce qui concerne la gestion des risques, le Modef ne croit guère au système assurantiel, débordé par le changement climatique à l’œuvre. Outre les stratégies d’évitement telles que la diversification, le syndicat plaide pour la création d’un fonds de mutualisation abondé par les agriculteurs, les assureurs, l’État et la grande distribution. Le syndicat accepterait un retour au taux de cotisation de 11% (contre 5,5% actuellement) sur les contrats d’assurances récoltes alimentant le Fonds national de gestion des risques en agriculture.