Pour Terra Nova, il faut soutenir la demande en produits bio

Le think tank formule une vingtaine de recommandations pour déjouer le décrochage des ventes de produits bio, en combinant un accès plus large et une meilleure sensibilisation et valorisation des bénéfices de l’AB.

« Les bienfaits de l’agriculture biologiques ne doivent pas être remis en question par les crises qui se sont succédées. L’évolution des pratiques agricoles est nécessaire pour répondre aux enjeux de la transition écologique. Ce serait une erreur stratégique de remettre en cause les grandes orientations du pacte vert et le soutien public à l’agriculture bio. Après des années d’efforts pour développer l’offre, il faut maintenant soutenir la demande et réussir à toucher tous les consommateurs sensibles aux facteurs nutritionnels et écologiques de leur alimentation, qui sont nombreux, mais qui n’ont pas forcément les moyens de consommer bio ». Tel est en substance, l’analyse du think tank (boite à idées) Terra Nova formulée dans un rapport, publié le 15 février.

Un plaidoyer pour l’AB

En préambule, le think tank rappelle les bénéfices de l’agriculture biologique, aux plans environnemental (OGM exclus, recours limité aux intrants, biodiversité, garanties de préservation la biodiversité, de la qualité des sols, de l’eau, de l’air, séquestration de carbone...), sanitaire (moindres risques pour les opérateurs, moindres résidus dans les produits alimentaires...) et économique (moindre dépendance aux intrants, plus grande résilience aux aléas climatiques...).

Un fléchissement multifactoriel

Après une décennie de croissance ininterrompue, le ressort de de l’AB a commencé à se distendre en 2021 et s’est accentué en 2022. Selon l’entreprise d’analyse de données de consommation IRI, le volume des ventes de produits bio a baissé de 7,6% dans la grande distribution sur les huit premiers mois de 20222. Conséquence de ce ralentissement, le nombre de références bio diminue dans les rayons des grandes surfaces. Certaines filières sont en difficulté, notamment les filières porcine et laitière, parfois forcées d’écouler leur production sur le marché conventionnel par manque de débouchés. « La démocratisation du bio, qui avait commencé avec le référencement en grandes et moyennes surfaces de nombreux produits bio, est menacée par un contexte économique tendu, où l’inflation des prix alimentaires impacte fortement le pouvoir d’achat des ménages. La méconnaissance du label AB et des exigences de son cahier des charges peut également expliquer ce désintérêt pour le bio, fortement concurrencé par d’autres certifications et labels, aux référentiels moins contraignants, mais qui répondent aux aspirations actuelles des consommateurs ». Une allusion à la HVE dont le référentiel a depuis été révisé. A ce sujet, Terra Nova est en attente d’une évaluation, aux plans qualitatif et quantitatif, des performances environnementales comparées de la bio et de la HVE. La concurrence des produits locaux , qui ne sont « définis par aucune règle », est aussi pointée du doigt par Terra Nova.

Les recommandations du think tank : élargir les débouchés...

Pour déjouer l’érosion des ventes, préserver la dynamique de conversion et prévenir la menace de déconversions, Terra Nova formule une vingtaine de recommandations, dans deux directions principales, à commencer par la quête de débouchés. Il s’agit pêle-mêle de stimuler la vente directe ou en circuit court en généralisant des outils de sourcing géolocalisés, d’auuomatiser la mise en place de sites internet régionaux mettant en lien acheteurs et producteurs locaux référencés, d’inciter les restaurants d’entreprise à intégrer 20 % de produits bio, d’utiliser le ticket restaurant comme un levier pour les restaurateurs, de créer une plateforme de chefs engagés pour l'environnement qui s'engagent à mettre certains produits bio à la carte de leur restaurant et intégrer l’approvisionnement bio aux critères de sélection de l’Etoile verte du guide Michelin, de poursuivre le développement des PAT, d’étendre les contrats entre organisations de producteurs bio et distributeurs ou encore de développer localement des ateliers de transformation, cofinancés par les fonds FEADER ou LEADER. Le think tank prône également la quête de nouvelles ressources par la valorisation des bénéfices écologiques de la bio.

... et soutenir la demande

Pour soutenir la demande, Terra Nova souhaite encourager les collectivités (communes et intercommunalités) à promouvoir et soutenir la création d’AMAP, mettre en place d’un taux de TVA très réduit à 2,1% sur les produits bio, assurer l’éligibilité des produits AB au chèque alimentaire ou encore inciter la grande distribution à intégrer des produits bio français dans leurs opérations « prix bloqués » ou développer une offre spécifique de produits bio à prix coutants. Le think tank liste par ailleurs plusieurs actions pour sensibiliser les consommateurs aux bienfaits de la consommation de produits bio, renforcer la connaissance et la confiance dans le label AB. Le critère bio devra ainsi être valorisé dans le cadre d’un futur affichage environnemental européen. « Espérons que les concertations nationales et régionales dans le cadre de la préparation de la future loi d’orientation et d’avenir de l’agriculture prendront en compte ces dimensions », conclut Terra Nova.