Protection des cultures : 218 millions d’euros pour changer de paradigme

Le gouvernement alloue 30 et 42 millions d’euros à la recherche, respectivement en sélection végétale et en biosolutions, complétant le budget de 146 millions d’euros consacré au Parsada, le Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait de substances actives au niveau européen et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures.

Faire le deuil de la formule magique « un problème phyto, une solution phyto » au profit d’une approche combinatoire prenant en compte la complexité du vivant que le changement climatique ne manque pas d’exacerber : tel est le défi à relever pour tenter de maîtriser les bioagresseurs en alliant les impératifs de respect des écosystèmes et de sécurité alimentaire. Ce nouveau paradigme est encore largement à inventer et s’il repose en grande partie sur les acteurs de l’agrofourniture, l’Etat entend y prendre sa part en mobilisant son bras armé scientifique qu’est l’INRAE et en impulsant plusieurs programmes de recherche, le tout crédité de moyens financiers.

Sélection génétique, biocontrôle et biostimulation

Au salon de l’Agriculture, le gouvernement a ainsi lancé le programme de recherche (PEPR) « Sélection végétale avancée pour faire face au défi climatique et à la transition agroécologique » ainsi que le Grand défi biocontrôle et biostimulation. Le premier, subventionné à hauteur de 30 millions d’euros et sous l’égide de l’INRAE, vise à coordonner et soutenir à l’échelle nationale l’ensemble des acteurs de la recherche en sélection végétale au service de la transition agroécologique.

Le second vise à accélérer l’innovation française en matière de biocontrôle et de biostimulation, à pérenniser un collectif d’acteurs publics et privés autour de ces leviers des transitions agricoles et à inventer de nouveaux modèles d’affaires permettant de déployer l’usage de ces leviers. Piloté par l’Association pour le biocontrôle et la biostimulation pour l’agroécologie (ABBA), il bénéficie d’un financement de 42 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 18 millions d’euros de contribution du secteur privé.

De l’armoire phyto au tiroir phyto

Toujours au salon de l’Agriculture, le gouvernement a levé le voile sur les premiers projets du Parsada, le Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait de substances actives au niveau européen et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures. Lancé en 2023, il est destiné à anticiper l’éventuel retrait du marché à court et moyen termes de certaines substances actives problématiques pour la santé et/ou pour l’environnement à l’échelon européen. Pas moins de 75 substances seraient sur la sellette, susceptibles de réduire l’armoire phyto à un tiroir phyto. Le gouvernement a dégagé un budget de 146 millions d’euros destinés à financer 14 plans d’action ciblant les couples filières / bioagresseurs les plus critiques. Les deux premiers projets ciblés sont portés par Arvalis pour les grandes cultures et par l’interprofession française des légumes en conserve et surgelés (Unilet). L’INRAE planche par ailleurs sur un projet transversal visant à développer de nouvelles solutions de régulation et biocontrôle d’insectes ravageurs pour plusieurs familles de cultures.