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Sécheresse : pour Élisabeth Borne, un premier incendie
La sécheresse qui s’annonce va immanquablement attiser les tensions sur un sujet hautement inflammable qu’est la politique de l’eau, à l’heure où la planification écologique s’invite rue de Varenne, plus exactement à l’Hôtel de Matignon, à un jet d’eau du ministère de l’Agriculture.
[Edito] Le ministère de la Transition écologique vient de publier la carte de France du risque de sécheresse pour l’été à venir. Sur la base des relevés hydrologiques et pluviométriques des mois passés et des normales estivales, la menace est très sérieuse pour les trois-quarts du territoire. L’épisode risque de coûter cher aux agriculteurs et par ricochet aux consommateurs, déjà aux prises à de fortes hausses de prix, le tout sur fond d’insécurité alimentaire planétaire largement alimentée par la guerre en Ukraine.
Après le gel d’avril 2021, l’agriculture va donc subir un nouvel aléa au potentiel de destruction massif, confirmant, si besoin en était, que la célérité du changement climatique dépasse celle de l’adaptation de l’agriculture.
L’irrigation en forte hausse selon la FNE
Encore que. Si l’on en croit France nature environnement (FNE), l’agriculture française se convertit toujours davantage à l’irrigation. L’association a analysé les données régionales du recensement agricole 2020. Alors que la SAU française a baissé de 3,46% entre 2010 et 2020, les surfaces irriguées ont progressé de 14,61% à l’échelle nationale, selon ses calculs. Toutes les régions sont concernées, avec des pointes à +78% dans les Hauts-de-France, +68% en Bourgogne-Franche-Comté ou encore +26% en Normandie au cours de la décennie écoulée. La Nouvelle-Aquitaine ferme la marche avec +2,79%. Cette région ne pourra pas compter sur les cinq bassines de Charente-Maritime que la cour administrative d’appel de Bordeaux a jugées illégales cette semaine. C’est l’épilogue, provisoire, d’un feuilleton judiciaire de 15 ans, comme en raffole la France lacustre, un des derniers épisodes en date étant fourni par le lac de Caussade en Lot-et-Garonne.
L’écologie s’invite rue de Varenne
La guerre de l’eau tire pourtant à sa fin, grâce au Varenne de l’eau agricole et de l’adaptation au changement climatique. Promis juré : le Varenne va tarir définitivement les pistolets à eau des cowboys de la souveraineté alimentaire et des pistoleros de la sobriété décroissante, à coups de Projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE). Avec le Varenne, Julien Denormandie avait remporté une petite bataille larvée entre son ministère et celui de la Transition écologique, en charge de la politique de l’eau. Tout était dans l’adjectif « agricole » accolé à « Varenne ». L’eau agricole, cet « impensé », comme l’avait qualifié le ministre de l’Agriculture le 28 mai 2021 lors du lancement du Varenne. Un an plus tard, la planification écologique s’est invitée dans l’entre-deux tours de la présidentielle et la politique de l’eau se rapproche un peu plus de la rue de Varenne. Mais du côté l’Hôtel de Matignon, à un jet d’eau du ministère de l’Agriculture.