Agriculture : du pain sur la planche pour les 5 prochaines années

Continuité ou rupture ? Lors de sa réélection le 24 avril, Emmanuel Macron a promis de se « réinventer » avec une « nouvelle méthode ». Se réinventer et essayer de nouvelles méthodes, le monde agricole le fait déjà, lui qui vit des crises aussi bien structurelles que conjoncturelles. Le prochain gouvernement prendra-t-il la mesure de l’urgence qu’il y a d’accompagner les transitions agricoles ?

[Edito] Les chantiers agricoles qui attendent le gouvernement pour le nouveau quinquennat sont cruciaux pour l’avenir de l’agriculture française. La pyramide des âges des chefs d’exploitations apporte un constat sans appel : les cinq prochaines années seront décisives pour assurer le renouvellement des générations. Dans leurs propositions à l’attention des candidats à la présidentielle, les Jeunes Agriculteurs (JA) avaient publié un programme en cinq axes pour le renouvellement des générations : promouvoir les métiers de l’agriculture auprès des publics cibles, miser sur une formation professionnelle et technique de qualité, faciliter l'installation et la reprise de fermes par un point d'entrée unique, accompagner les transmissions d'exploitations dans le cadre des nombreux départs à la retraite attendus d'ici 2027, préserver les terres agricoles et en faciliter l'accès pour les porteurs de projet. Le candidat Emmanuel Macron avait, lors de sa visite au Salon de l’agriculture, esquissé la perspective d’une grande loi d’avenir agricole. « Nous serons déterminés à ce que la loi promise par le président réélu comporte l'intégralité de ces cinq sujets », ont déclaré les JA au soir de l’élection le 24 avril.

Au vu de l’évolution des profils des nouveaux installés en agriculture (en reconversion professionnelle, non issus du milieu agricole, etc.), il est également urgent d’ajuster les dispositifs de préparation et d’accompagnement à l’installation, comme l’a récemment pointé un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER).

Emmanuel Macron a promis au soir de sa victoire une « ère nouvelle » qui ne sera pas « dans la continuité du quinquennat qui s’achève ». Pour le monde agricole, cette « ère nouvelle » a déjà démarré depuis plusieurs mois avec la hausse inédite des charges et des cours des matières premières, bien avant le début de la guerre en Ukraine. La flambée du prix de l’énergie et des engrais, qui pourrait être suivie par la hausse du prix des semences, grignote les marges des exploitations et oblige à remettre en question nos modèles, dépendants de tourteaux, d’engrais et de gaz étranger.

En mars dernier, le gouvernement avait présenté une série de mesures pour faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine sur l’économie française, dont plusieurs concernaient l’agriculture. En parallèle des mesures d’urgence, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie avait détaillé un plan d’action pour les prochains mois. Etaient concernées les négociations commerciales avec la grande distribution, mais aussi la sécurisation des livraisons d’engrais pour la campagne 2022-2023, le renforcement du plan protéines, le lancement d’un plan pour les fruits et légumes… Le prochain ou la prochaine ministre de l’Agriculture a du pain sur la planche et ses actions seront attendues au tournant par les syndicats.