Arnaud Rousseau (FNSEA) : « Face au ras-le-bol et à la détresse, les mots ne suffiront pas »

Le président de la FNSEA, qui sera reçu lundi par le Premier ministre, attend des réponses concrètes en matière de pause environnementale et normative, au plan national et européen, ainsi que l’application effective de la loi Egalim relative aux négociations commerciales.

« On peut prendre un certain nombre de mesures en France très rapidement, sur le plan réglementaire, sur le plan législatif, il y a beaucoup d’exemples, quand on parle de la politique de stockage de l’eau, depuis deux ans, on n’avance pas. Sur la Pac , on a un certain nombre de mesures que ne supportent pas les agriculteurs. Dès cette année, on leur impose de mettre 4% de leurs terres en jachère, alors que l’Ukraine nous exporte des denrées dans des proportions que nous n’avons jamais vues, alors que l’année dernière, l’Europe a importé plus de denrées alimentaires ». Au cas où le gouvernement manquerait d’idées concrètes, en matière de « simplification » et de « réarmement », Arnaud Rousseau en a énoncées quelques-unes au micro de France info le 21 janvier.

Le président de la FNSEA intervenait au lendemain de manifestations d’agriculteurs, avec un point de crispation particulier en Haute-Garonne, où les agriculteurs ont coupé, à plusieurs reprises cette semaine, l’autoroute reliant Toulouse (Haute-Garonne) à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).

Depuis plusieurs mois, la FNSEA et les JA tirent la sonnette d’alarme, avec l’opération « on marche sur la tête » consistant à retourner les panneaux indicateurs d’entrée d’agglomération
Depuis plusieurs mois, la FNSEA et les JA tirent la sonnette d’alarme, avec l’opération « on marche sur la tête » consistant à retourner les panneaux indicateurs d’entrée d’agglomération

C’est de cette même région, l’Occitanie, qu’était partie à l’automne dernier l’opération « on marche sur la tête » consistant à retourner les panneaux indicateurs d’entrée d’agglomération, alors qu’on interdit aux agriculteurs de retourner leurs prairies, quand bien-même ils n’ont plus d’animaux. « Aujourd’hui, quand vous êtes éleveurs en Normandie ou en Pays de Loire, quand vous n’avez plus d’animaux parce que vous avez arrêté l’élevage, on vous impose des prairies, c’est incompréhensible », a déclaré le président de la FNSEA.

Les organisations agricoles réclament par ailleurs la stricte application de la loi Egalim, laquelle a décrété la matière première agricole comme non négociable, avec un prix indexé sur les coûts de production. Sauf que la grande distribution et les industriels sont tentés de faire supporter la désinflation en cours aux agriculteurs. « Ces contrôles que Bruno Le Maire annonce, on les réclame depuis plusieurs mois, il est temps maintenant d’agir, il nous faut très concrètement des décisions », cingle Arnaud Rousseau.

Depuis plusieurs mois, la FNSEA et les JA tirent la sonnette d’alarme. « On veut arrêter le déclassement de l’agriculture, a poursuivi Arnaud Rousseau. Notre mission, c’est nourrir les Français, c’est produire pour nourrir, c’est porter la souveraineté alimentaire française, c’est faire en sorte que demain, l'agriculture française, reconnue comme étant une des plus durables au monde, puisse continuer à vivre, à exister,  à continuer à installer des jeunes et à faire en sorte que les Français qui la consomment soient fiers ».

"Gabriel Attal a dit qu’il fallait que l’on reprenne notre avenir en main, c’est exactement ce que veulent les agriculteurs"

Le président de la FNSEA, ainsi que celui des JA, Arnaud Gaillot, seront reçus par le nouveau Premier ministre le 22 janvier. « Gabriel Attal a dit qu’il fallait que l’on reprenne notre avenir en main, c’est exactement ce que veulent les agriculteurs », a encore dit Arnaud Rousseau. Le 5 décembre dernier, à l’issue de leur rencontre avec l’ex-Première ministre Élisabeth Borne, la FNSEA et les JA avaient obtenu le renoncement à la hausse de la redevance pour pollution diffuse (RPD), perçue sur les ventes de pesticides, ainsi que celle de la redevance pour prélèvement sur la ressource en eau pour l'irrigation. On verra lundi ce que Gabriel Attal a dans sa manche. « Il ne va pas falloir seulement nous faire des grandes phrases, a prévenu Arnaud Rousseau, qui attend la « pause normative » et la « pause environnementale » promises par le président de la République.