Biocontrôle : une progression en demi-teinte

Si les indicateurs fixés dans la Stratégie nationale de déploiement du biocontrôle (SNDB) ont été ont été atteints plus vite qu’escompté, le part des produits de biocontrôle dans l’ensemble du marché des produits phytosanitaires s’est érodée, selon les derniers chiffres d’IBMA France.

Davantage connue pour garantir, ou du moins tenter de garantir un juste partage de la valeur dans la chaine alimentaire, la loi Egalim d’octobre 2018 visait aussi à promouvoir des choix de consommation privilégiant une alimentation saine, sûre et durable  ainsi qu’à accompagner la transformation des modèles agricoles. C’est dans ce dernier registre que s’inscrivait la Stratégie nationale de déploiement du biocontrôle (SNDB), un des pendants du Plan Ecophyto, et dont le Gouvernement vient d’établir un état des lieux à mi-parcours.

Des indicateurs en avance

Pour objectiver la trajectoire du biocontrôle, la SNBD s’appuie sur trois indicateurs que sont le nombre de spécialités disponibles sur le marché, le nombre de macro-organismes et le pourcentage d’usages couverts par au moins une solution de biocontrôle. A fin 2023, les trois indicateurs en question avaient ainsi dépassé les valeurs cibles qui leurs avaient été assignées, avec parfois un décalage dans le calendrier. C’est ainsi que sont comptabilisés en décembre 2023 quelque 768 produits de biocontrôle (cible : 750 en 2022) et 564 macro-organismes (cible : 420 en 2025) tandis que 53,8 % des usages sont couverts par au moins une solution de biocontrôle (cible : 50 % en janvier 2022). Parmi les acquis marquants, le ministère de l’Agriculture pointe notamment la consolidation réglementaire, l’amélioration de la formation et de l’accès à l’information ou encore le soutien financier alloué à la recherche publique et privée, à hauteur de 20 millions d’euros en moyenne par an, pointant à 43 millions d’euros en 2023.

Evolution du chiffre d’affaires biocontrôle en France (Source : IBMA France)
Evolution du chiffre d’affaires biocontrôle en France (Source : IBMA France)

Une part de marché qui s’érode

Qu’en est-il du marché ? Selon les derniers chiffres d’IBMA France, l’association des entreprises du secteur, représentative de 90% du marché, le chiffre d’affaires du biocontrôle en 2022 s’est établi à 278 millions d’euros, en progression de 4% sur un an, loin des progressions à deux chiffres enregistrées en 2021 (+12,7%) et 2020 (+28,2%). L’association invoque l’application, pour la 2ème année, de la loi sur la séparation de la vente et du conseil (autre volet d’Egalim), induisant « une raréfaction du conseil spécifique et donc une détérioration de l’accompagnement des agriculteurs » et que les Certificats d’économie de produits phytosanitaires (CEPP) n’ont pas compensée, 40% seulement des produits de biocontrôle étant liés à une action standardisée CEPP.

C’est dans la catégorie des molluscicides que le biocontrôle pèse le plus, avec une part de marché 34% (contre 29% en 2021), devant les insecticides à 30% (39 % en 2021), les fongicides à 14% (18 % en 2021) et enfin les herbicides à 2% (3% en 2021).

IBMA France maintient son ambition de passer le cap des 30% du marché de la protection des plantes d’ici 2030 et de couvrir plus de 50 % des usages avec au moins deux produits de biocontrôle à mode d’action complémentaire d’ici 2030, contre 25% estimés à fin 2022.