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Crise de la bio : 10 millions d’euros, en attendant... pas plus
Le ministère de l’Agriculture déploie un fonds d’urgence de 10 millions d’euros destiné aux exploitations « en graves difficultés économiques et en risque de déconversion ». Un travail interministériel est entamé pour forcer l’atteinte des 20% de produits bio en restauration collective publique. Rien de substantiel à court et moyen terme.
Le ministère de l’Agriculture a confirmé l’annonce faite par la Première ministre 27 février au Salon de l’agriculture, à savoir le déploiement « dans les semaines à venir » d’un fonds d’urgence de 10 millions d’euros « afin d’apporter une aide d’urgence à celles des exploitations en agriculture biologique qui sont en grave difficultés économiques et en risque de déconversion ». Le montant de l’aide avait été jugé « méprisant » par les acteurs de la bio, qui l’avaient fait savoir en déployant une banderole affichant « bio méprisée, bio enterrée », devant le stand de l’Agence bio le 28 février.
Les deux mesures structurelles, qui complètent l’annonce, ne devraient pas davantage les satisfaire. La première va consister à mettre en place une travail interministériel impliquant les collectivités locales pour aider la restauration collective publique à consacrer 20% de ses achats en produits bio, conformément à un article de la loi Egalim, entré le 1er janvier 2022, mais non contraignant. Le taux se situe aujourd’hui entre 6% et 7%.
La seconde mesure structurelle consistera à réformer la gouvernance de l’Agence bio, « dans une logique de représentativité et d’implication, en incluant notamment les interprofessions, pour continuer à rassembler toutes les composantes du secteur dans la même dynamique ».
Ces mesures s’ajoutent à celles faites en décembre dernier lors des 13èmes Assises de l’agriculture et de l’alimentation biologique, à savoir : 5 millions d’euros de plus pour le Fonds Avenir bio en 2023 (soit un total de 13 millions d’euros), 750.000 euros en soutien à une nouvelle campagne de communication (à laquelle contribueront toutes les interprofessions) et le renforcement des moyens financiers accordés à l’Agence bio.
Autant de mesures qui permettent aux pouvoirs publics d’affirmer que « le Gouvernement se donne les moyens de son ambition en aidant le secteur à poursuivre sa dynamique tout en tenant compte des difficultés conjoncturelles ». La France maintient son objectif de 18% de SAU à fin 2027. La nouveau Plan ambition bio, attendu pour la fin de l’année, devrait préciser la trajectoire et la stratégie.
Après une décennie de croissance ininterrompue, le ressort de l’AB a commencé à se distendre en 2021 et s’est accentué en 2022, notamment sous l’effet de l’inflation et de la concurrence des produits locaux et des autres labels tels que la HVE. Selon l’entreprise d’analyse de données de consommation IRI, le volume des ventes de produits bio a baissé de 7,6% dans la grande distribution sur les huit premiers mois de 2022, générant du déréférencement en rayon.