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Drones agricoles : et pendant ce temps, en Chine…
[Edito] Alors qu’en France, une proposition de loi en suspens pourrait permettre un usage très restreint des drones agricoles, l’empire du Milieu en déploie plusieurs centaines de milliers sur ses terres et souhaite se positionner en leader dans ce domaine.
Depuis quelques années, les drones agricoles en Chine sont adoptés à une échelle massive. Selon l'agence nationale d'agro-technologie, plus de 250 000 drones agricoles seraient en service, sur environ 178 millions d'hectares. Cette massification est soutenue par une volonté du pays de développer une « économie de basse altitude », autrement dit le développement de véhicules volant en dessous des 1000 mètres de haut (drones, taxis volants…). Les drones agricoles représentent pour l’instant la majorité des usages : surveillance des cultures, lâchers de semences, pulvérisation d’engrais ou de produits phytosanitaires, etc.
Une situation bien éloignée de celle de la France, où les opérateurs se comptent sur les doigts de la main, où la réglementation est drastique et où plusieurs start-ups du secteur ont planté au cours des dernières années. En termes de protection des cultures, seuls les lâchers de trichogrammes sont autorisés en France, la pulvérisation des produits phyto par voie aérienne étant interdite depuis 2015. De plus, le poids maximum autorisé pour les drones agricoles est limité à 25 kilos.
Pour permettre d’élargir un peu ces usages, une proposition de loi « visant à améliorer le traitement des maladies affectant les cultures végétales à l’aide d’aéronefs télépilotés » a été déposée en octobre 2024, mais son examen à l’Assemblée a tourné court à la suite de la censure du gouvernement. La proposition maintient l’interdiction générale de pulvérisation aérienne mais introduit une autorisation spécifique pour les parcelles agricoles à forte pente, ainsi que pour les bananeraies et les vignes mères de porte-greffes conduites au sol. Seuls certains types de produits seraient autorisés : les produits de biocontrôle, les produits autorisés en agriculture biologique ainsi que les produits « à faible risque » aux termes de la réglementation européenne. L’avenir du projet de loi dépend de la reprise de son examen à l’Assemblée nationale, tout comme la poignée d’autres textes agricoles mis en suspens.
L’Institut français du vin, qui s’est livré pendant trois ans à des essais de pulvérisation par drone dans le cadre d’un projet expérimental, en avait tiré des enseignements intéressants. Il en ressort que si la qualité de pulvérisation du drone est généralement inférieure aux références terrestres, la technique prend tout son sens pour les vignobles non mécanisables en forte pente, qui représentent environ 5000 hectares en France. Pour ces vignobles, l’IFV estime que le drone peut être un outil pertinent pour préserver leur durabilité économique et sociétale (renouveau de l’attractivité des métiers, facilitation de la conversion au bio grâce à la possibilité de passer plus souvent…). Toutefois, investir dans ce genre de technologie de pointe a un coût non négligeable, que ce soit à l’achat ou en prestation, et l’innovation est rarement la priorité dans les temps difficiles.
Reste que l’usage du drone a un autre atout indéniable : il limite l’exposition des opérateurs aux pesticides, notamment lors de l’usage d’atomiseurs à dos et de chenillards, et réduit la pénibilité du travail et les risques d’accident. Comme pour bien des technologies en agriculture, le défi est de trouver un juste compromis entre innovation et réglementation.