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Etude PestiRiv : un cadre « sécurisé » selon Phyteis, une exposition « problématique » pour Générations futures
Suite à la publication de l’étude mettant en évidence une surexposition des riverains des zones viticoles, Phyteis juge que les procédures d’homologation offrent un cadre « sécurisé » à l’usage des produits quand l’ONG réclame « un plan de protection des riverains ».
« Présence ne signifie pas risque » a réagi dans un communiqué Yves Picquet, Président de Phyteis, à l’annonce des résultats de l’étude PestiRiv, conduite par l’Anses et Santé Publique France. Réalisée auprès de 2800 riverains résidant à proximité de 265 zones viticoles françaises, elle a révélé la présence de pesticides (parmi un panel de 56) dans les urines, les cheveux, l’air et les poussières intérieurs, à des concentrations supérieures chez les personnes résidant à moins de 500 mètres de vigne, comparativement à celles distantes de plus d’un kilomètre de toute culture, en période de traitement comme hors période.
« Les niveaux retrouvés dans l’air dans l’étude, même en période de traitement, restent de l’ordre de 100 fois inférieurs aux valeurs protectrices retenues pour l’évaluation du risque pour les riverains » poursuit Yves Picquet. Cette étude montre sans ambiguïté que les données d’exposition constatées sont conformes et restent largement dans les marges de sécurité prévues dans les AMM, elles-mêmes extrêmement protectrices en matière de santé. Cela souligne le professionnalisme et la rigueur scientifique des évaluations ».
Phyteis rappelle que les seuils toxicologiques acceptables de références sont établis par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et prennent en compte un facteur de sécurité au moins égal à 100 par rapport au niveau d’exposition quotidien maximal que pourrait connaître une personne chaque jour de sa vie, sans risque pour la santé. Les doses d’exposition prises en comptes dans les AMM sont par ailleurs bien inférieures aux doses présentant des risques pour la santé (Dose Journalière Maximale). « La modélisation du niveau d’exposition quotidien des riverains aux produits phytopharmaceutiques pris en compte dans les études toxicologiques, dans le cadre d’usages agricoles, est établi sur la base de critères de toxicité et d’exposition quotidien bien supérieur à l’exposition réaliste de riverains », affirme Phyteis.
Protection des riverains et reconception des systèmes de production
Générations futures n’a pas la même grille de lecture. Rappelant que l’étude PestiRiv a été lancée en 2021, après un signalement par l’association Alerte des médecins sur les pesticides (AMLP) d’une suspicion d’agrégat de cancers pédiatriques dans la commune de Preignac (Gironde), pointant au passage le manque de données sur l’exposition des riverains aux pesticides, l’ONG juge « problématiques » les niveaux d’exposition révélés par l’étude. Et de réclamer un « plan de protection des riverains » et une « reconception des systèmes de production », moyennant « un engagement politique fort ».
L’association réclame ainsi la baisse de 50% de l’usage des pesticides tels que prévu au départ par le Plan Ecophyto, reposant sur l’indicateur Nodu et non sur le HRI-1, l’interdiction des substances dangereuses (CMR, perturbateurs endocriniens, PBT, PMT…), l’instauration de ZNT de 100m minimum, la création de ceintures vertes autour des communes reposant sur l’agriculture biologique, de systématiser les systèmes d’alerte 48h avant un épandage et enfin de rendre les registres d’épandage accessibles sous format numérique, cette dernière requête étant également formulée par l’Anses et de Santé Publique France.
Les deux agences recommandent de réduire « au strict nécessaire » le recours aux produits phytosanitaires, en s’appuyant sur une « mise en œuvre ambitieuse » de la stratégie Ecophyto 2030. Elles prônent également la nécessité d’informer et de sensibiliser les viticulteurs et la population vivant en zones viticoles sur les mesures de prévention adaptées et plus particulièrement en amont des traitements pour limiter les situations d’expositions évitables des riverains.