Générations Futures réclame des ZNT d’au moins 150 mètres

Sur la base d’analyses d’air réalisées dans trois départements, l’ONG affirme que des dizaines de mètres d’éloignement des zones pulvérisées ne suffisent pas à diminuer significativement les quantités de pesticides dans l’air. Et de réclamer, outre des ZNT d’au moins 150 mètres, le retrait des produits les plus dangereux et l’accès aux registres d’épandages.

Ce n’est pas la première fois que Générations Futures procède à des analyses d’air destinées à jauger l’exposition des riverains aux embruns de pulvérisation. Mais l’Anses, objet d’une saisine, avait dans le passé pointé des limites méthodologiques, dont l’ONG dit avoir tenu compte pour sa dernière campagne en date.

Trois départements, trois parcelles, cinq capteurs

Dans trois départements (Nord pour les grandes cultures, Gironde et Rhône pour la vigne), le protocole s’est appuyé sur une parcelle privée (dépourvue de tout de traitement) au sein de laquelle 5 capteurs ont été disposés, distants selon les cas de 5-10 mètres minimum (distances correspond aux ZNT) et jusqu’à 130 mètres de parcelles contigües et traitées. « L’objectif était d’objectiver la présence de pesticides dans l’air de zones agricoles à différentes distances des cultures et non d’évaluer précisément l’exposition quantitative de l’homme et/ou un éventuel risque pour celui-ci », précise l’ONG dans un communiqué.

Résultats ? Dans deux des trois parcelles (Nord et Rhône), les quantités de pesticides piégées par le capteur le plus éloigné des parcelles agricoles avoisinantes (à respectivement 35 et 70 mètres) sont supérieures de 114% et 106% à la quantité moyenne des quatre capteurs de bordure. Dans le cas de la Gironde, le capteur central (à 57 mètres de la parcelle agricole la plus proche) enregistre une quantité de pesticides équivalente à 88% de la quantité moyenne des quatre capteurs de bordure. « Nos mesures de pesticides dans l’air montrent clairement que même à plusieurs dizaines de mètres des lieux de pulvérisation les quantités de pesticides présentes dans l’air restent au même niveau qu’en bordure de zone traitée », indique François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

Certaines analyses font part de 35 pesticides différents fixés par les capteurs durant une période de sept semaines. « Cette réalité de l’exposition à des cocktails de très nombreuses substances nous inquiète très fortement au regard des conséquences sanitaires possibles de ces mélanges inhalés non évalués », indique l’ONG dans son communiqué.

Toujours des limites méthodologiques

Malgré ce nouveau dispositif, Générations Futures ne cache pas que le protocole présente toujours des « limites », liées à la représentativité des sites, au matériel employé (qui ne donne pas la concentration de pesticides en m3 d’air), aux périodes de prélèvement limitées dans le temps ou encore au nombre de molécules pistées (90), ce dernier facteur étant susceptible d’induire une « sous-estimation », précise l’association. Cette dernière regrette aussi de ne pas avoir accès aux registres d’épandages, qui aurait pu permettre de cibler plus précisément l’investigation. C’est l’une des requêtes de l’ONG, qui remarque que le directeur de l’Anses a formulé le même vœu, lors de son audition par la Commission d’enquête parlementaire chargée d’identifier les échecs de la massification des changements de pratiques des trois premiers plans Ecophyto.

Les requêtes de l’ONG

Outre l’accès libre à des registres d’épandage électroniques, Générations Futures réclame le retrait du marché des pesticides comportant des matières actives CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) et perturbatrices endocriniennes suspectées (catégories 1 et 2) et notamment du glyphosate, ainsi que l’élargissement important des zones de non traitement (ZNT) actuelles « jusqu’à au moins 150 mètres afin de réduire l’exposition des populations rurales à des pesticides dangereux ». L’association mise aussi sur la future stratégie Ecophyto 2030 en cours de finalisation, pour « réduire l’usage des pesticides et diminuer l’exposition des populations rurales aux pesticides par voie aérienne ».