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HVE : un label controversé, (encore) sous le feu des critiques
La certification Haute Valeur Environnementale (HVE), créée en 2012, fait l'objet d'une vive polémique. Un collectif d'associations (la FNAB, UFC Que Choisir, Générations Futures, Synabio, Bio’consommateurs et Réseau environnement santé et Agir pour l’environnement) a saisi le Conseil d'État le 20 janvier 2025, dénonçant une "tromperie du consommateur" et un "greenwashing" entretenu depuis plus d'une décennie.
Le label HVE, qui concerne actuellement environ 39 772 exploitations en France, dont 61% dans le secteur viticole, est accusé de manquer d'exigences en matière de pratiques agricoles respectueuses de l'environnement, selon un collectif d'associations. Les critiques se concentrent sur la version 4 du référentiel, avec comme point principal, l'autorisation d'utiliser des pesticides classés CMR2 (Cancérogènes, Mutagènes, Reprotoxiques de catégorie 2).
Selon le collectif, "des études produites par l'Office Français de la Biodiversité (OFB), et l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), ont démontré que le contenu du label HVE n'était pas plus exigeant que la moyenne des pratiques agricoles françaises" partagé dans leur communiqué de presse du 23 janvier 2025.
Un cahier des charges trop permissif
Malgré l'introduction d'un nouveau cahier des charges (version 4) fin 2022, les associations estiment que les modifications apportées sont insuffisantes. Le rapport de l'OFB de 2022 "confirme que les modifications du référentiel ne sont pas celles attendues pour améliorer la performance environnementale du label. Notamment le respect des règles environnementales de base de la PAC n’est pas exigé, mais plus grave, l’utilisation d’intrants chimiques comme des engrais et pesticides de synthèse particulièrement néfastes pour l’environnement ou pour la santé humaine reste autorisée.
De plus, il entraînerait des confusions auprès des consommateurs d'après les associations, en s'appuyant sur une enquête menée par Interfel en 2022 qui révélait que "55% des personnes interrogées croient que le label HVE est soumis à un cahier des charges strict, et 44% qu'on peut faire entièrement confiance aux fruits et légumes HVE". Cette perception positive inquiète les détracteurs du label. Pour eux, il y a véritablement une confusion entre le label bio, très exigeant par son cahier des charges, et le HVE. La “faible” exigence entre ces deux labels entraîne une concurrence déloyale pour le label AB alors que la filière connaît une crise.
Le label défendu par le Conseil d’Etat et par la FNSEA
Le 20 janvier, le rapporteur public du Conseil d'État, Nicolas Jau, a demandé le rejet du recours de la FNAB, estimant qu'il y a eu "un réel progrès par rapport à l'ancien référentiel". La FNSEA, de son côté, défend la certification HVE. Dans un communiqué du 23 janvier 2025, elle s'insurge contre "un manque total de considération pour l'engagement des agriculteurs dans des démarches de progrès environnementales". Le syndicat souligne que les quatre indicateurs du label ont fait l'objet d'un durcissement pour répondre aux recommandations de l'OFB et aux exigences de la Commission européenne.
Enfin, d'après les chiffres fournis par le gouvernement, le label HVE semble toujours plébiscité par les agriculteurs, avec une dynamique de conversion toujours active. Au 1er juillet 2024, la France comptait 39 772 exploitations certifiées HVE, soit près de 1 421 nouvelles exploitations de plus qu’au 1er janvier 2024, une hausse de 6,5 %. Toutefois, la très forte croissance semble avoir légèrement ralentie depuis janvier 2023, date à laquelle il y a eu une révision. Peut-être est-ce dû à de nouvelles contraintes difficilement atteignables pour les agriculteurs ? Ou parce que l'image de ce label est sans cesse critiquée. La décision du Conseil d'Etat, attendue prochainement, pourrait avoir un impact sur son avenir.