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L’agneau pascal, à consommer sans modération
[Edito] L’incitation à la consommation de viande n’est pas climatiquement correcte. Sauf que l’espèce ovine a largement pris sa part à la déconsommation et qu’elle rend par ailleurs de nombreux services environnementaux.
En ce mois d’avril 2023, durant lequel pas moins de trois religions monothéistes vont faire lui faire la fête à travers la planète, il ne fait pas bon être agneau. La planète justement, mériterait que l’on revoie notre régime alimentaire, en y réduisant la part des protéines animales au profit des protéines végétales, afin de ménager les impacts environnementaux. A la lecture des chiffres de FranceAgriMer, on est tenté d’affirmer que l’espèce ovine a fourni déjà sa part à la réduction de l’empreinte carbone des filières élevage qui, en France, sont responsables de 43% des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole, lui-même à 19% du total. En effet, entre 1990 et 2021, la consommation de viande ovine a baissé de 60% pour s’établir à 2,2 kilos par habitant et par an. Elle se situe très loin derrière le porc (31,7 kg), le bœuf (22,1 kg) et le poulet (15,3 kg), dans un contexte global de stabilité de la consommation de viande.
Merci la prairie, ses puits de carbone et de biodiversité
Dans un article publié en novembre dernier sur le site The Conversation, deux chercheurs de l’Inrae rappellent que les ruminants (bovins, ovins) affectent jusqu’à cinq fois plus l’environnement que les monogastriques (porcs, volailles). Avant d’expliquer que la compétition entre notre alimentation et celle des animaux est proportionnellement plus forte pour les monogastriques que pour les ruminants, en particulier les élevages allaitants. Merci la prairie, ses puits de carbone et de biodiversité. En conséquence, les chercheurs suggèrent de réduire davantage la consommation de porc et de volaille que celle de viande de ruminants et de lait, la consommation de surfaces par le pâturage devant être compensée par la réduction de produits animaux, bénéfique tant pour la santé de notre environnement que pour notre propre santé. Pour rappel, le Programme national nutrition santé (PNNS) fixe à moins de 500 g la consommation hebdomadaire de viande « rouge » (bœuf, porc, veau, mouton, chèvre cheval, sanglier, biche), pour 100% de la population.
Au service de la déspécialisation
Comparés aux bovins, les ovins ont une carte particulière à jouer dans ces transitions alimentaires et environnementales, du fait d’un moindre besoin en capitalisation et de spécificités propres, comme la capacité à pâturer les couverts végétaux des céréaliers (mais aussi des vignes et des espaces verts), voire à assurer le désherbage de leurs céréales, tout en les fertilisant. L’espèce peut ainsi participer à la déspécialisation de la grande culture et à la reconnexion entre productions animales et végétales, aussi passéiste que futuriste, comme a pu le démontrer le programme Poscif (Pâturage ovin en système céréalier en Île-de-France) et d’autres initiatives personnelles telles que celle mise en œuvre par ce céréalier de la Vienne, et comme le démontrera encore le colloque de restitution de Cap Protéines, le 31 mai prochain. A une dernière condition : privilégier l’origine France.