La bio n’est plus la pestiférée de la loi d’orientation agricole

Le texte de compromis entre députés et sénateurs, issu de la Commission mixte paritaire, réintroduit la cible de 21% de SAU bio à horizon 2030 et donne des gages à l’AB dans les parcours de formation initiale ainsi que dans les incitations à l’installation.

Plus de peur que de mal pour les organisations représentantes de l’agriculture biologique. Mardi soir à l’issue du vote des sénateurs, elles découvrent la dernière version en date du Projet de loi d’orientation agricole adopté à une large majorité par la Chambre haute. Le texte fait l’impasse sur l’agriculture bio, tout en étrennant un principe inédit, « refusant des interdictions de produits phytopharmaceutiques sans solutions économiquement viables et techniques efficaces apportées aux agriculteurs », quel qu’en soient les éventuels impacts pour la santé humaine et à l’environnement. La négation même de l’agriculture bio et la double peine, pour la FNH.

"Entre 1 candidat sur 3 et 1 candidat sur 2 souhaitent s’installer en agriculture bio"

Mercredi soir, à l’issue d’une Commission mixte paritaire (CMP), sénateurs et députés s’accordent sur un nouveau texte, qui réintroduit la cible de 21% de SAU bio à horizon 2030, tel qu’inscrit dans la Planification écologique, pour la plus grande satisfaction des organisations professionnelles de la filière. « Et pour les candidats à l’installation », précise Philippe Camburet, président de la FNAB, qui rappelle à l’envi « qu’entre 1 candidat sur 3 et 1 candidat sur 2 souhaitent s’installer en agriculture bio ». Le taux de 21% de SAU bio apparait au 8ème rang (sur 21) des priorités fixées dans l’article 1er et supposées garantir la souveraineté alimentaire de la Nation.

Les deux autres motifs de satisfaction

Le texte adopté en CMP acte deux autres retournements en comparaison du texte du Sénat. L’article 2, qui définit les objectifs de formation et d’orientation dans le secteur agricole, établit clairement le besoin de monter en compétences des futurs installés sur l’agriculture biologique.

"Produire sans pesticides et sans OGM, c’est la solution qui va s’imposer dans les années à venir et cela exige des compétences "

« Produire sans pesticides et sans OGM, c’est la solution qui va s’imposer dans les années à venir et cela exige des compétences », indique le président de la Fnab qui se réjouit du revers imposé par les députés. L’autre point de satisfaction réside à l’article 8, consacré à la politique d’installation et de transmission, ainsi rédigé : « Afin de répondre aux enjeux de la souveraineté alimentaire et des transitions climatique et environnementale dans l’agriculture et d’assurer le renouvellement des générations d’actifs, les politiques publiques mises en œuvre de 2025 à 2035 favorisent la création, l’adaptation et la transmission des exploitations agricoles et le développement des pratiques concourant à ces transitions, dont l’agriculture biologique, tout en prenant en compte les attentes sociales et professionnelles des personnes qui souhaitent s’engager dans les métiers de l’agriculture et de l’alimentation et la diversité des profils concerné ».

Pour Philippe Camburet, « la CMP reconnaît cette réalité en affirmant clairement l’obligation pour les politiques publiques agricoles d’inciter à l’installation en agriculture biologique ».